Vive les polards

Bonjour la compagnie,

Se rendre sur le tombeau des ancêtres est toujours une belle aventure, en 700 kilomètres d’autoroute je franchis 40 années et je me retrouve vers 1980 dans l’atmosphère et le décor de ces temps anciens où Mitterrand faisait peur aux enfants et où Le Pen, le bandeau sur l’œil, nous contait quelques fariboles savoureuses et parachutistes.

A l’arrivée au vieux pays, on aère la ferme sur laquelle  sont gravés un nom et une date : Bussière 1732. Rien n’a changé depuis 1960 ni dans le contenu des tiroirs ni dans celui des placards.  Les livres se sont en revanche entassés aux côtés des tableaux du fils Queneau. Ma petite-fille dort dans un lit-hamac tout en creux menacé par une armoire pleine de costumes d’un autre siècle et d’une pile d’objets hétéroclites et inutiles. Elle est ravie…

Que vais-je lire cette semaine, le choix est grand,  les maquis de la montagne limousine et leur héros le colonel GUINGOIN, les mémoires de Marcelle DELPASTRE chantre de la langue d’oc, les œuvres incertaines d’une palanquée d’écrivains modernes et naturellement, comme il se doit, les interdits de Céline ?

L’ayant rencontré au générique de nombreux films et pas des moindres, j’opte pour une autobiographie, celle de José GIOVANNI.

Je découvre un personnage de roman, condamné à mort puis gracié qui va montrer  un remarquable talent d’écrivain avec une imagination sans bornes. Ses romans vont être adaptés au cinéma par des réalisateurs de premier ordre comme Jacques Becker (le trou), Claude Sautet (Classe tous risques) ou Robert Enrico (Les grandes gueules). Ecrivain, il est salué par ses pairs : Roger Nimier, Pierre Mac-Orlan ou Jean Cocteau. Il est l’ami de Lino Ventura, de Jean Paul Belmondo, d’Alain Delon et  de Jacques Rufus. Son fond de commerce c’est la pègre. Les mauvais garçons le fascinent. Il est par ailleurs un sportif accompli, à commencer par l’alpinisme où il excelle en étant l’ami de René Desmaison. Plus tard c’est en pédalant qu’il imaginera ses scénaris.

Arrêtons-nous sur les « Grande Gueules » le western des forêts vosgiennes. Pendant la gestation de cette œuvre que tout le monde connait, il pédale un peu dans la choucroute sur le plan du casting, il verrait bien Lino Ventura dans la peau du patron de la scierie mais… Pour mieux réfléchir, il décide de se faire la face nord de l’aiguille du Dru avec un alpiniste chevronné, Jacques le Menestrier.

L’ascension commence à 4 heures du matin  et à midi ils s’engagent en rampant dans une minuscule ouverture qui les conduira sur la face sud. A 600 mètres au dessus du vide, ils cassent la croûte. Il a alors une vision, pour la marche de sa scierie artisanale menacée (un haut fer), il n’a pas besoin d’un Lino Ventura tout en force et en puissance mais d’un homme simple proche du terroir, un peu timide et il pense à Bourvil : bingo.

« Merci chère face nord duDru ! » pense t-il. Et il s’en va embrasser la vierge métallique installée au sommet.

Sa filmographie que je découvre est impressionnante, outre « le trou », « Les aventuriers », « Classe tous risques », « Un nommé la Rocca », « le deuxième souffle » et bien d’autres sans oublier son magnifique réquisitoire contre la peine de mort « deux hommes dans la ville » et toute cette œuvre écrite avec son éternel Bic sur du papier pelure.

Un homme d’honneur à redécouvrir.

Et pour conclure ses mots « ça mène à tout un crayon à bille et du papier pelure, et la symphonie du 38 spécial des privés américains. »

A bientôt pour de nouvelles aventures…

Donec

Sur la peau de Bouc : (motifs de punitions dans la Marine) : « faire par vengeance du Thé aux officiers avec de l’eau de savon et rire ».

Les mots du Général : «  Une réunion au R.P.F. le Général parle et condamne le « système ».

–          Il faut tuer la gueuse ! crie un « militant ».

–          Apprenez Monsieur, qu’en France la République ne se renverse pas. Chassez-la et elle revient au galop.

  Le Gnaf

Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.

Ce jeu de mots avait un nom « le gnaf » (en 1928), en voilà quelques uns :

BRASSEUR KERMADEC                                                J.B.K. ou Brasseur quel sale mec ou ma sœur quelle braguette

BREART de BOISANGER                                              La roi Jean puis Pépé

BROWN DE COLSTOUN                                               Drôle de costume                                         

Médecin Général BUFFET                                            Henri  II

Bullier                                                                         John (John Bull)

BURIN des ROZIERS                                                                 Bédane des bégonias ou des églantines ou brise nouille

De CACQUERAY                                                        Caco ou le Son (Cacré son)

CAMINATI                                                                   Catin de mimi

CAMUSSOT                                                                 Caligula

CANEVET                                                                               Riton la science

CAPELLE                                                                     Cassius

CAZENAVE                                                                 CAZO

CHABAUD                                                                  Beau minet