Il y a une semaine nous célébrions en grande pompe l’anniversaire de la reine Elisabeth.
Que de souvenirs nous partageons avec cette grande nation, des jours sombres de Mers El Kebir aux soutiens indéfectibles à la Résistance !
Le 5 avril 1960 le général de Gaulle, chef du gouvernement, fait à Londres sa première visite d’état. Il n’aimait pas les britanniques, il les admirait. Il y fut reçu par ses hôtes de 1940 sous le signe d’une inoubliable fraternité d’armes. Et le général fait cette réponse à la souveraine qui lui demande comment s’acquitter du rôle qu’elle remplit : « A la place où Dieu vous a mise, soyez qui vous êtes Madame ».
Parmi toutes les stations méditerranéennes celle du Cros de Cagnes est sans conteste une des plus
prestigieuses. Sur la brèche 24h sur 24 depuis 1924, elle est servie par un équipage trié sur le volet. Elle bénéficie d’une formation sans faille et son prestige à largement franchi les frontières des Alpes Maritimes.
Nous avons la chance de disposer, Parmi nos canotières d’une « plume » qui n’hésite jamais à mettre sont talent au service de tous. Ce mois ci elle l’exerce dans le numéro 135 du magazine « Sauvetage ».
Sachez qu’une station de sauvetage en mer doit vivre et se financer elle-même. Naturellement les équipiers sont bénévoles mais il y a l’entretien et l’équipement de plus en plus couteux. La modeste subvention que nous percevons des mairies du littoral nous permet de faire face aux dépenses du quotidien. Pour le reste, changement d’un moteur, carénage, révision à mi- vie, formation des équipiers, nous devons chercher des financements. Nous nous tournons alors vers les plaisanciers, les entreprises, les amoureux de la mer.
De là ce mail qui fait appel à la générosité de tous
Nous avons un faible dans notre aimable pays pour les commémorations diverses et variées. Il en est une ces jours ci qui me tient à cœur. Le 13 avril 1946 est promulguée la loi dite « Marthe Richard » qui signe la mort des maisons closes et autres lieux de plaisir. Il s’agit là d’un drame dont nous n’avons pas à être fiers. Je ne reviendrai pas sur la belle Marthe (un peu décatie en 1946) personnage éminemment Balzacien pour vous lire un petit poème signé Bernard Dimey qui résume bien la situation.
LE REGRET DES BORDELS
La conn’rie qu’on a faite en verrouillant les claques,
En balançant du coup tout’s les souris dehors !
Ca méritait d’autor un’ volée d’pair’s de claques ;
Mais, comm’ disait papa tous les cons sont pas morts,
Voilà des pauv’s gamines qui vivaient en famille,
Qui r’cevaient vaill’ que vaille un peu d’éducation
Et qui sont désormais sans soutien, les pauv’s filles
La conn’rie qu’on à faite en fermant les boxons !
Mon père il s’en payait de la lanterne rouge,
Il y cassait sa s’maine et tous les sam’dis soir
Ma pauv’mère le cherchait tout’ la nuit dans les bouges ;
Lui ronflait au bordel, toujours complèt’ment noir.
Les putains le bordaient, lui faisait des papouilles,
Soit des trucs inédits, soit des spécialités,
Moi j’osais pas y aller, j’avais bien trop la trouille
Et quand l’courage m’est v’nu, ils étaient supprimés
La conn’rie qu’on a faite en fermant les bordels,
En obligeant l’brav’ monde à baiser n’importe où !
Ma tante en avait un, je n’parle pas pour elle,
Vu qu’la vache en claquant m’a rien laissé du tout,
Mais vraiment, quand je pense au destin d’mes frangines
Qui douées comme ell’s étaient s’raient sous maîtresses maint’nant
Je m’dis qu’la république est bien dans la débine
Et qu’on a mis l’bordel rien qu’en les supprimant.
Le 23 avril 1960 les plus brillants généraux de l’armée Française, excédés par l’attitude du Général de Gaulle dans l’affaire d’Algérie se révoltent et la rumeur se répand du largage des paras dans la nuit sur Paris. A l’appel de Malraux, mais aussi des syndicats et du PCF une sorte de levée en masse s’opère.
Je laisse la parole à Jean Lacouture pour la suite
Et voici qu’une foule pittoresque, où le poètes surréalistes, les actrices et les professeurs de philosophie côtoient des ouvriers espagnols, les dames d’œuvre, les manœuvres marocains et les militants d’extrême gauche s’attroupe place Beauvau, puis dans les sous sols du Grand Palais. On distribue en hâte quelques casques, quelques équipements mais pas d’armes ».
Malraux harangue la foule
Le lendemain Malraux et Frey essuieront cette remarque du Général.
« Voulez vous m’expliquez les raisons de ce tumulte grotesque que vous organisâtes sous mes fenêtres ».
Comme quoi, aux pires moments, l’humour du général ne perd pas ses droits.