Aux environs des belles années 1750 quand le monde découvrait les Amériques, une frégate cinglait vers le nouveau monde. La traversée à l’époque durait plusieurs mois, voir plusieurs années. Le bâtiment était commandé par un brave homme, rond au cheveu rare. Tout le portrait du capitaine que Joseph Conrad mettra en scène dans « Typhon ». Son équipage se composait de gaillards rompus à la manœuvre mais peu à la réflexion.
L’on avait embarqué pour les rudes taches de calfatage quelques infidèles. Comme aucun cuisinier n’avait pu être trouvé sur les quais de Bordeaux une cantinière blonde à forte gueule et large croupe avait été choisie. Après quelques jours de traversée, la cantinière harangua l’équipage. Elle expliquait combien il était injuste que les infidèles soit nourris à la table du capitaine (ce qui était faux) ne fichent rien et narguent les vrais matelots du roy. Elle ajoutait que le capitaine était un incapable pour la seule raison qu’il avait fréquenté des écoles alors que la navigation s’apprenait dans les estaminets du port.
Elle y mit tellement de cœur qu’une nuit de pleine lune, deux parmi ses émules s’introduisirent dans la cale une hache à la main et crevèrent le bordé. Le bateau sombra.
C’est alors qu’une corvette Anglaise qui passait par là, comme elle passait partout chaque jour comme chez elle, recueillit l’équipage. Le commandant fut reçu par son homologue avec tous les honneurs. Les mutins furent envoyés méditer sur les pontons dont nul ne sort vivant. Quand à la pétroleuse on l’expédia dans une colonie de peuplement britannique d’Océanie. Elle y rencontra un personnage interlope, louche, faussaire et escroc. Tous deux soulevèrent la populace au nom d’un romantisme égalitaire et prolétarien. Le gouverneur ne barguignait pas avec la discipline. Il pendit les meneurs mais épargna la blonde à grande gueule et large croupe au motif qu’elle avait eu la bonne idée de donner ses comparses.
Ces solides qualités la menèrent sur la voie de la fortune. Spoliant à tour de bras, elle se tailla un empire. Son fils fréquenta Oxford et la reine fit de son petit fils un baron. L’ultime rejeton de cette solide lignée se distingua à Tarente, le 11 novembre 1940 à 23h46 quand à la tête d’une escadrille de Fairey Swordfich, il envoya par le fond le cuirassé «Vittorio Veneto ».
A la semaine prochaine
Donec