Sur la lune

Bonjour la compagnie,
Cette semaine vous aurez droit à un petit conte philosophico-politique extrait de l’intéressant ouvrage de Yval Noa Harari : Sapiens.

Voici l’affaire :

Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin mirent le pied sur la surface de la Lune. Dans les mois précédant l’expédition, les astronautes d’Apollo 11 s’entraînèrent dans un désert « lunaire » de l’ouest des Etats-Unis. La zone abrite plusieurs communautés indigènes amérindien. Une anecdote – à moins que ce soit une légende – rapporte la rencontre des astronautes et d’un habitant du coin.

Un jour qu’ils s’entrainaient, les astronautes tombèrent sur un vieil indigène américain. L’homme leur demanda ce qu’ils fabriquaient là. Ils répondirent qu’ils faisaient partie d’une expédition de recherche qui allait bientôt partir explorer la Lune. Quand le vieil homme entendit cela, il resta quelques instants silencieux, puis demanda aux astronautes s’ils pouvaient lui faire une faveur.

« Que voulez-vous ?

  • Eh bien, fit le vieux, les gens de ma tribu croient que les esprits saints vivent sur la Lune. Je me demandais si vous pouviez leur transmettre un message important de la part des miens.
  • Et quel est le message ? » demandèrent les astronautes.

L’homme marmonna quelque chose dans son langage tribal, puis demanda aux astronautes de le répéter jusqu’à ce qu’ils l’aient parfaitement mémorisé.

  • Mais qu’est ce que ça veut dire ?
  • Je ne peux pas vous le dire. C’est un secret que seuls sont autorisés à savoir notre tribu et les esprits de la Lune. De retour à leur base, les astronautes ne ménagèrent pas leurs efforts pour trouver quelqu’un qui sût parler la langue de la tribu et le prièrent de traduire le message secret. Quand ils répétèrent ce qu’ils avaient appris par cœur le traducteur partit d’un grand éclat de rire. Lorsqu’il eut retrouvé son calme, les astronautes lui demandèrent ce que cela voulait dire. L’homme expliqua. Ce qu’ils avaient méticuleusement mémorisé voulait dire : « Ne croyez pas un seul mot de ce qu’ils vous racontent. Ils sont venu voler vos terres ».

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec 

Pétain se fait rhabiller pour l’hiver

Bonjour la compagnie,

Parmi les hommes injustement oubliés, il y a Georges Mandel. Secrétaire et principal collaborateur de Clemenceau pendant la grande guerre, il était en 1940 ministre des colonies avec comme collaborateur un grand connaisseur de l’Extrême-Orient Le commandant Raoul Salan.

En 1940, il est partisan de la poursuite de la guerre et non d’un armistice ignominieux. Il s’adressera au général de Gaulle en ces termes le 14 juin 1940 : « Vous avez de grands devoirs à accomplir, général, mais avec l’avantage d’être au milieu de nous tous un homme intact… Ne pensez qu’a ce qui doit être fait pour la France, et songez que, le cas échéant, votre fonction actuelle pourra vous faciliter les choses ».

Quelques semaines plus tard notre général entrait dans l’Histoire.

Mandel était juif et l’extrême droite le haïssait comme elle savait le faire à cette époque. Il le lui rendait bien. Il avait emprisonné Alain Laubreaux trop engagé à son goût dans l’amitié franco-nazie et dont le principal titre de gloire sera d’avoir été rossé par Jean Marais. Scène que Truffaut évoque dans le « Dernier Métro ». Jusqu’au bout il allait lutter contre « l’esprit de débâcle ».
Le 17 juin 1940 alors qu’il soupe au « Chapon Fin » Georges Mandel est arrêté par deux officiers supérieurs de gendarmerie qui lui présentent un ordre signé du Maréchal Pétain manœuvré au demeurant par Raphaël Alibert*.

Inutile de vous dire qu’un tel événement fait du bruit dans Landerneau. Le Président de la République Albert Lebrun comme le Président de la Chambre des Députés Edouard Herriot s’en émeuvent et le Maréchal est contraint de le libérer. Au cours de l’entretien qui suivra entre le Maréchal et Mandel ce dernier le plaindra d’être à la merci de son entourage et il plaindra également la France de l’avoir choisi. Puis il exige une lettre d’excuses de Pétain que ce dernier rédige. Nous avons là un parfait exemple de la fragilité du vieil homme.
Par la suite, toujours poursuivi par la vindicte du chef de l’Etat français, il sera condamné à la prison à vie et enfermé au fort du Pourtalet, lieu absolument sinistre. Enfin ultime illustration du savoir-faire de « l’Etat Français », le 4 juillet 1944 il est livré à la milice qui l’abat trois jours plus tard de seize balles au cours d’une promenade en forêt.
Un autre homme demandait régulièrement l’exécution de Georges Mandel dans son hebdomadaire « Je suis Partout » c’est Robert Brasillach. Ce fut dit-on une des raisons pour laquelle il ne fut pas gracié par le général de Gaulle.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Donec

Raphaël ALIBERT : homme politique d’extrême droite, juriste, catholique et germanophobe il est un conseiller rapproché du Maréchal Pétain. Garde des Sceaux du gouvernement de Vichy, il a été l’initiateur du « statut des Juifs » de triste mémoire