Histoire de rat et d’aéro

‌Bonjour la compagnie,

Parmi les « chapelles » qui composent notre Marine Nationale celle de l’aéronavale attire tous les regards. Ses membres en profitent pour juger les évènements de leur cockpit à une altitude de 10 000 pieds. D’où une certaine condescendance. 

Ils sont naturellement friands d’histoires à dormir debout qui les mettent en valeur.

En voilà une !

Autrefois, du temps où les animaux parlaient, vivait sur un galion une colonie de rats. Leur chef était un magnifique spécimen particulièrement musclé et agressif qui se faisait appeler « capitaine d’armes » en souvenir d’un embarquement sur les galères du Roy.

Il était épris d’une adorable petite souris blanche qui le menait par le bout du nez.

Un jour elle disparut, dans la colonie ce fut le « branle-bas » et tous de la rechercher.

On la retrouva dans un entrepont sombre et malodorant. Abomination de la désolation, elle s’était mise en ménage avec une affreuse chauve-souris malingre et contrefaite.
Le gros rat noir, prévenu n’en crut pas ses oreilles. Il vint la retrouver, pour remettre les pendules à l’heure.

-« comment fais-tu pour me tromper avec cet avorton malingre et contrefait quand je suis le plus beau rat de l’escadre de l’amiral Forbin ? »

– « il vole ! »

Et voilà le genre d’histoires dont se délectent les membres de l’aéronavale.

C’est navrant !

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Inspection se sac : le sac représente l’ensemble des effets du marin. Régulièrement diverses autorités réunissent l’équipage et « inspectent » ce fameux sac plié 25×25 cm. Inutile de dire que lorsque c’est l’amiral qui s’y colle tous sont « sur les dents » …

Une fille de grenadier à cheval

Bonjour la compagnie,

Je suis fasciné par les femmes d’exception qui tournent le dos à ce que la société attend d’elles pour accomplir une destinée hors du commun. J’ai dans mon havresac quelques héroïnes de cet acabit dont certaines ont très mal fini comme Violette Morris dite « La hyène de la Gestap ».

 L’héroïne qui nous intéresse aujourd’hui prend à contre-pied le mot de l’ineffable Simone de Beauvoir : « on ne naît pas fille on le devient ». Le papa de Marie-Antoinette Lix était grenadier à cheval. Sa mère mourut quand elle avait quatre ans, son père, nostalgique de la vie militaire lui donne une éducation virile. A elle l’escrime et le maniement des armes. A dix ans elle ne sait malgré tout ni lire ni écrire. La voilà donc chez les religieuses de la « Divine Providence » à Ribeauvillé où mettant les bouchées doubles elle obtient à dix-sept ans son brevet libre d’institutrice.

Elle devient alors préceptrice des enfants d’une grande famille polonaise, les Lubianski. Elle s’installe à Szycz et en profite pour apprendre le polonais, l’anglais et l’allemand. En 1863 éclate l’insurrection contre les Russes. Elle s’y engage avec passion et devient une légende pour les insurgés polonais. Elle est de tous les combats sans que ses hommes ne soient au courant de la vraie nature de leur lieutenant. Arrêtée par le général Czengiery, elle est raccompagnée manu militari à la frontière. Sa qualité de Français lui permet et d’échapper au dada du général : la pendaison.

Elle retrouve sa chère Alsace mais pas pour longtemps. En 1866, après avoir suivi des cours d’infirmière la voilà partie à Lille où sévit une épidémie de choléra. Elle prend sa mission tellement à cœur que l’empereur Napoléon III ayant eu vent de son engagement lui donne la direction du bureau de poste de Lamarche dans les Vosges.

Mais la défaite de 1870 va changer sa vie. Très vite apparaissent des francs-tireurs : les « éclaireurs des Ardennes », les « Chasseurs de l’Argonne », les « Montagnards de Revins », les « Corps Francs des Vosges ». Tout ce beau monde talonne les troupes prussiennes et leur tend des embuscades. Inutile de dire que Marie Antoinette qui s’est engagée dans l’aventure est à son affaire. Le général Arbellot, impressionné par la conduite au feu de cette infirmière lors de la bataille de Nompatelize-Bourgonce la cite à l’ordre du jour. Malheureusement sa santé est défaillante. Elle se retire de l’unité combattante pour se consacrer au soin des blessés hospitalisés à Lamarche.

Vers 1880 elle se fixe à Paris et se consacre à des travaux littéraires. Elle publie alors « Le neveu de la Chanoinesse », « Tout pour la Patrie », « Jeunes brutions et vieux grognards » ouvrages marqués au sceau du patriotisme et de la foi.

En 1889 elle se retire chez les religieuses de Saint Nicolas de Port à côté de Nancy, où elle s’éteint à l’âge de 70 ans.

A bientôt pour la suite de nos aventures.

Donec