Et l’amour dans tout ça?

Bonjour la compagnie,

 Le séjour sur le tombeau des ancêtres exacerbe ma passion pour la lecture, j’ai donc fait l’acquisition à la librairie Jean Jaurès de l’autobiographie du célèbre journaliste touche-à-tout  Jean François KAHN : « Mémoire d’outre vie ».

L’ouvrage contient quelques belles rencontres de vie et d’expériences vécues. Je vais vous en faire partager une.

La vie à deux, le mariage sont toujours pour l’observateur perspicace un sujet d’étonnement.

Nous sommes au Club Méditerranée en Côte d’Ivoire, au seuil des années 60 où notre ami fait un séjour        avec son épouse. Parmi les gentils membres un Américain costaud au torse avantageux, poilu à souhait mais patibulaire et désagréable. Comme chaque jour il effectue un parcours crawlé, puis se hisse sur la plage et lance le cri de Tarzan. Or se jour-là il s’effondre…  sans vie. On l’installe dans une chambre et le médecin prévenu effectue sur notre athlète la respiration artificielle. C’est un échec et il déclare donc le « culturiste » mort. Les gentils organisateurs se rendent auprès de l’épouse avec mille précautions pour lui annoncer la terrible nouvelle.
Mais à la surprise générale  la Dame s’exclame « champagne pour tous ! » C’est la sidération. A entendre la dame le mari était un salopard violent  et elle est ravie de d’en être débarrassé : « enfin libre ! ».

Pendant ce temps un gentil organisateur opiniâtre poursuivait les exercices de respiration. Quelque chose craqua, une côte ou deux sans doute. Le moribond poussa alors un retentissant « Ouille ! ».

L’athlète patibulaire n’était pas mort !

Rappelé, le médecin penaud admit sa méprise. Il en fut tout autrement pour l’épouse qui  hurla, injuria, tempêta et n’admit pas que sont mari fût vivant. Il était mort, affaire classée, il n’y a pas à revenir dessus.

Les gentils organisateurs adeptes de la paix des ménages ne prévinrent pas le mari de la réaction de son épouse. Ce qui convenons-en était une sage décision pour l’avenir de leurs relations conjugales..

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Ps : en cadeau un dessin de l’ami Ballouhey

La fin du Tanio

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‌‌Bonjour la compagnie,

Nous sommes le 7  mars 1980, le pétrolier  malgache Tanio, chargé de 27 500 tonnes de fuel est en route pour l’Italie, Il vient de Wilhelmshaven en Allemagne. Le commandant est un Camarétois de 53 ans : Jean Morvan. C’est un marin très expérimenté qui termine sa carrière.   

En arrivant dans le port allemand le pétrolier avait touché le fond et un plongeur avait contrôlé l’état de la coque sans constater de dégâts apparents. Par ailleurs le Tanio est un navire solide parfaitement entretenu.

Ce jour-là, les conditions de navigation sont exécrables, vent d’Ouest de force   9 à 10, creux d’environ 9 mètres, le capitaine Morvan fait réduire l’allure. Le bâtiment poursuit sa route en tanguant fortement. Lorsque l’officier pont vient prendre son quart à 4 heures du matin son collègue ne lui signale rien d’anormal.

Le temps se dégrade encore, le vent fraîchit force 9 à 10 mais les hommes dorment en confiance. Dans le compartiment machines un officier mécanicien, un assistant et un chauffeur veillent sur le navire. Il est six heures, plus que deux heures avant la relève. 

A 4h10 Ils entendent un bruit sec assourdi par les paquets de mer, l’avant se soulève de plus en plus. Les hommes sont précipités sur la cloison séparant la chambre de veille de la chambre à cartes. Ils comprennent vite la situation : le navire s’est plié en deux, les deux parties reliées seulement par la tôle du pont qui fait charnière. La partie avant se dresse à 45°, jouet des vagues qui l’assaillent.

L’officier de quart appelle au poste d’abandon, les lumières s’éteignent. Les machines s’arrêtent et le pétroler sans erre, roule bord sur bord. Guy Delanoé, le chef mécanicien est descendu dans la machine.  A la vue de la situation, il ordonne au personnel de monter sur le pont et de capeler brassières et vêtements chauds. Un quart d’heure à peine s’est déroulé depuis les premiers craquements.

Vu de la plage arrière où se sont réfugiés les mécaniciens, le spectacle est dantesque, la partie avant est ballotée dans cette mer déchaînée, la proue dressée vers le ciel ; Une question se pose alors, que sont devenus les huit hommes de la partie avant ?

La cargaison de fuel lourd s’est répandue et noircit l’écume dans laquelle l’épave se débat. A 8 :00 dans un craquement sec les deux parties se séparent, l’arrière part à la dérive poussée par la violence du vent et la partie avant touche le fond. Avec de pareilles conditions météo l’équipage décide de ne pas mettre d’embarcations à la mer qui se briseraient contre la coque.
Une question se pose alors : » Que sont devenus les huit hommes de la partie avant ? ».

Heureusement le Conquet-radio signale que le pétrolier Français Vignemale a capté un appel de détresse provenant d’un navire dont il n’a pu saisir le nom. Le vent d’Ouest de force 9 à 10 passe de 10 à 11. A son tour le navire japonais Eitokumaru signale qu’un bateau inconnu est en train de couler. Quarante minutes plus tard on sait que c’est le pétrolier Tanio qui est en perdition. L’Abeille Languedoc appareille alors et un Super-Frelon décolle de la base de Lanvéoc-Poulmic. Le lieutenant de vaisseau Martin se positionne au-dessus de l’épave, le plongeur de bord descend et les trente et un marins sont hélitreuillés.

Va commencer alors pour l’abeille-Languedoc le difficile remorquage avec le passage de deux hommes à bord de l’épave. Il faudra plusieurs jours pour mettre la partie arrière à l’abri dans le port du Havre.

Mais le bilan humain est élevé puisque huit marins français et malgache dont le commandant et le commandant en second  ont perdu la vie. Nous ne parlons pas de la pollution qui fera périr 40 000 oiseaux et encore aujourd’hui le pétrole continue, en petite quantités à souiller les plages bretonnes.

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Sur la Peau de Bouc
« Rentrer à bord en état d’indigestion et incongruités sur le pont »

La 9ème compagnie du régiment de marche du Tchad

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‌Bonjour la compagnie,

Il est des épisodes glorieux de notre histoire que nous n’hésitons jamais à commémorer et à mettre en avant. Il en est d’autres tout aussi glorieux mais moins franchement tricolores que nous laissons de côté et regardant ailleurs.

En 1936 éclate la guerre d’Espagne, où les tenants de la République doivent affronter leur propre armée. Ellereçoit l’aide intéressée du dictateur Staline et celle en demi-teinte de la France (on y parle déjà de Jean moulin). Le général Franco compte parmi ses supporters des dictateurs comme Hitler et Mussolini qui ne ménagent pas leur peine. Comme toute guerre civile les exactions sont nombreuses et encore aujourd’hui  dans le moindre village d’Andalousie, de Castille ou de Navarre n’a rien oublié.

En 1939 les troupes républicaines aguerries passent la frontière française poursuivies par les nationalistes. Certaines sont en ordre parfait, d’autres complètement débandées. Les hommes sont haves, barbus, épuisés mais ont au cœur la haine des régimes autoritaires européens. Nous allons donc les retrouver  dans la légion étrangère à Narvik et puis dans nos maquis. Je rappelais la semaine passée qu’ils composaient le dernier noyau des hommes du Colonel Georges Guingouin mais aussi les derniers combattants du Vercors.

La 9ème compagnie de la 2ème DB est placée sous le commandement du capitaine Raymond Dronne et elle reçoit l’ordre du général Leclerc le 23 août de foncer sur Paris. L’Hôtel de Ville sera atteint au soir du 24. Mais les premiers véhicules à s’installer sur la place ne se nomment pas «  Romilly », « Champaubert » ou « Montmirail » mais plus prosaïquement « Guadalajara », « Ebro », « Teruel » et « Guernica ». Ce sont les half-tracks blindés de la « Nueve » aux ordres du Lieutenant Amado Granell ex-officier de l’armée républicaine espagnole. Plus, les Espagnols de la « Nueve » sont chargés de l’escorte du général de Gaulle lors de la célèbre descente des Champs-Elysées. Ils défilent, porteurs d’un immense drapeau de la seconde république espagnole.

Tombés dans l’oubli après la guerre les survivants de la « Nueve » , Manuel Fernandez, Luis Royo   Ibanez et Raphaël Gomez recevront la grande médaille de vermeil de la ville de Pars le 24 février 2010.

A très bientôt pour la suite de nos aventures

Donec

Ps : cette semaine petit coup de chapeau à l’armée de l’air…
Sur la peau de bouc :
« Rentrer à bord en état d’indigestion et incongruités sur le pont »