Argot baille

pour le mousse second porte avionsSalut la compagnie,

A l’aube des années 1960 le premier achat du jeune bordache afin de s’immerger avec éclat dans l’univers forcément salé du Poulmic était le « Coindreau ». Il se rendit donc à la librairie de la Cité, chez Pierre Le Bris rue de Siam pour acquérir « l’Argot Baille » ouvrage incontournable et riche de toutes les traditions de l’Ecole Navale.

Il convenait de faire évoluer le concept et c’est JeuMeu, alias Joseph de Miribel qui s’y est collé en faisant un remarquable travail de linguiste. Le sens de l’humour est par ailleurs présent à chaque page. Il a rédigé un ouvrage absolument passionnant que vous ne manquerez pas de placer dans votre bibliothèque à côté du « vieux » Coindreau après l’avoir relu trois fois.

J’en extrais deux perles, juste pour le fun :

Que fit Monsieur d’Aurribeau ?
Trois virements de bord consécutifs ayant successivement échoué, au large des côtes de la Nouvelle-Calédonie, qu’un quatrième vînt à manquer et c’en était fait de la Recherche* qui n’était plus qu’à deux encâblures des écueils. La frégate était perdue, Monsieur d’Aurribeau fit rassembler tout l’équipage le long des galhaubans tribord arrière, larguer la bouline, choquer la boulinette, donner du mou dans l’écoute de misaine, et le quatrième virement de bord se fit dans le plus grand silence.
Commentaire : morceau de bravoure paraît-il extrait des mémoires de Monsieur de Bougainville.
*Nom du navire de Bougainville, parti à la recherche de l’expédition de La Pérouse.

Et celle-là

Où trouve t on de la bonne eau ?
Au pied du mat
Commentaire
Parce que macache bono (le mât cache bonne eau)
Explication
Au temps de la marine en bois et au goudron, le charnier (caisse à eau à la disposition de l’équipage) se trouvait au pied du grand mat.

Enfin j’oubliais le principal, le « Dictionnaire de l’argot Baille » de Joseph de Miribel est magnifiquement édité aux éditions Naturalia et il sera à vous pour la très modique somme de 30,00 €.

A la semaine prochaine

Donec

PS : mes amis de la marine marchande me signalent que chez eux la « cale 2 » s’appelle la « cale 4 ».

Un homme de caractère Martin Dauch

cher ami

graine d amiral

Salut la compagnie,

Le serment du jeu de paume s’inscrit dans la geste révolutionnaire au même titre que la prise de la bastille ou la nuit du 4 août.

Nous sommes à Versailles par une triste journée pluvieuse. Les représentants du Tiers-Etats sont convoqués à l’hôtel des menus-plaisirs, siège des états généraux. Mais à l’heure dite, ils trouvent porte close et un détachement des gardes-françaises en condamne l’accès. La salle doit en effet être décorée pour une séance que le roi présidera.

« Au jeu de paume ! » s’écrit le docteur GUILLOTIN célèbre médecin parisien. Voilà donc les six cents députés qui se dirigent, tous très excités, vers cette salle qui servit aux ébats sportifs de Louis XIV et du Dauphin. Bailly est désigné président de séance. Mounier député de Grenoble propose que tous les membres présents fassent serment de ne jamais se séparer, de se réunir partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la constitution du royaume sait établie et affermie sur des fondements solides. Tous sont invités à prêter serment. Le désordre et l’enthousiasme sont indescriptibles.

C’est dans ce vacarme que Martin Dauch, député du baillage de Castelnaudary se dresse : « Mes électeurs ne m’ont pas envoyé pour insulter et déchirer la monarchie, je proteste contre le serment adopté ! ».

On essaye de le faire changer d’avis mais il tient bon et inscrit à coté de son nom le mot « opposant ». C’est l’indignation. Considéré comme traitre, il ne doit la vie sauve qu’à la présence d’esprit d’un huissier, Guillot qui le fait disparaître par une porte dérobée.

Le lendemain Bailly tentera bien de le faire revenir sur sa décision mais c’est un échec. On lui conseille de ne pas paraître à l’assemblée mais l’homme est courageux, il n’en a cure.

Quand Louis XVI se rend à l’assemblée pour donner son agrément à la Constitution tous les députés restent assis, chapeau sur la tête en signe de protestation. Un seul se lève et se découvre : Martin Dauch.

De retour à Castelnaudary il se désintéresse de la politique. Pourtant les vrais sans-culottes l’ont dans leur collimateur et tentent de l’assassiner. Il déménage à Toulouse où il est arrêté et mis en prison. Fâcheux présage me direz-vous. Heureusement son nom est orthographié « Martin d’Auch ». Les recruteurs du bourreau pensent alors qu’ils ont affaire à un pauvre type natif de cette ville.

Après la terreur il rentre chez lui pour mettre en valeur le domaine familial sans rancune pour ses anciens collègues. Il mourra en 1801.

Si l’on observe le tableau de David, alors fougueux révolutionnaire, on découvre Martin, les bras croisés, assis, la tête inclinée sous le poids de la honte qu’assurément il n’éprouvait pas.

A la semaine prochaine

Donec

Le journal de la passerelle N-11 (1)

La cale 2 : lieu controversé à bord des bâtiments de la Marine Nationale où se rencontreraient, ainsi le veut la légende, les adeptes du 3ème sexe.

Londres 1940

suicide

un oxymore
Bonjour la compagnie,

Le professeur Louis Rougier fut un personnage très controversé. Il avait prétendu avoir rencontré secrètement Lord Halifax le 24 octobre 1940 pour négocier un traité secret où Churchill acceptait de laisser la France s’approvisionner dans ses colonies et nos bateaux de commerce transiter par Gibraltar. Par ailleurs le BBC se refuserait à attaquer la personne du Maréchal Pétain.

Le professeur est à Londres pour négocier cet accord et nous livre un portrait de l’Angleterre autrement plus dynamique que celui de la France vaincue et désespérée.

Laissons parler le professeur : « Je quittais la capitale anglaise à regret. En dépit des bombardements ou plutôt à cause d’eux, on y respirait cette frénésie de vivre que donne l’imminence d’un danger qui peut d’un instant à l’autre abréger vos jours, tout en ayant une faible probabilité de vous atteindre. On y respirait l’haleine heureuse d’un peuple fier qui combat pour la liberté du monde, avec l’obstination farouche du plus élémentaire instinct vital. Le manque d’imagination masquait aux Anglais l’ampleur de l’effort à accomplir ; cependant que l’éloquence de leur leader épique les stimulait comme un grand vent du large.

Deux certitudes s’étaient imposées à mon esprit. Jamais par les seules ressources de l’aviation, les Allemands n’arriveraient à bout de la résistance anglaise : au rythme d’alors il faudrait dix ans d’un pilonnage égal et continu pour niveler la moitié de Londres. Jamais le peuple britannique n’abdiquerait. Je songeais combien un simple accident géologique, comme le canal, peut modifier le tempérament et le destin d’un peuple. Parce que l’Angleterre avait été protégée par les mers des guerres continentales, les mêmes institutions féodales qui avaient conduit la France à la monarchie absolue, à la centralisation du pouvoir, au colbertisme avait produit en Angleterre le parlement, la décentralisation, le free Trade. De nos jours le même accident géologique faisait que les Anglais pouvaient combattre à visage découvert, tandis que la France s’organisait en lutte silencieuse, patiente et inégale, la lutte aux rages rentrées, aux dents serrées, aux bouches closes, des undergrounds militants ».

A la semaine prochaine

Donec

Oxymore : figure de style qui consiste à lier deux mots de sens contradictoire

Je joins le « JOURNAL de la PASSERELLE » édité par l’AMMAC de Grasse qui fourmille d’informations intéressantes
Le journal de la passerelle N-10 pirate (1)