Pages noires de la Résistance

Bonjour la compagnie,
Notre histoire comporte quelques pages sombres à oublier bien vite.

De l’année 1944 nous nous rappelons des héros, cachés dans les forêts depuis 1941, en guenilles, armés de bric et de broc qui guettaient l’envahisseur au coin d’un bois et réglaient leur compte aux « collaborateurs ».
Cette image est vraie si nous parlons des colonels  Georges GUINGOUIN ou Henri ROMAN-PETIT mais il en est d’autres de moins reluisantes.

Mon grand-père était pétainiste et patriote, il déménagea de Nice vers la Dordogne en mars 1944 au prétexte que le ravitaillement ne posait pas de problème là-bas. Mauvaise pioche, on le retrouvera assassiné sur un chemin forestier  au mois de juillet. En effet une proportion importante de la résistance armée était communiste et envisageait très sérieusement une prise de pouvoir conforme aux idéaux moscoutaires pour construire (enfin)  un monde où le prolétaire goûterait à la joie de vivre.

Pour atteindre ce but il convenait  d’éliminer tout collaborateur, milicien véritable ou bourgeois  supposé qui ne manquerait pas le jour venu d’être un suppôt de la réaction.

En ce qui concerne le Limousin le communiste Georges GUINGOIN, le futur « préfet du maquis » avait transformé son territoire en « petite Russie ». De Saint Gilles la Forêt à Treignac et Eymoutiers  l’ordre régnait et les exactions inutiles n’avaient pas cours. Il faisait à son idée sans suivre les directives du « Parti » ce qui le mettra dans une situation très pénible après la guerre. Il n’en était pas de même au nord de Limoges, du côté de Magnac-Laval où les exécutions sommaires de traîtres supposés ne manquaient pas.

Il reste peu de traces de cette justice expéditive néanmoins après la guerre. Dans les années cinquante il fut demandé aux membres de certaines associations de  rédiger leurs souvenirs sur des cahiers d’écolier. Ceux-ci furent collectés, mis en lieu sûr et disparurent de la circulation. Xavier Laroudie  dans son livre « UN SEUL CHÂTIMENT pour les traitres » en a retrouvé un dont il cite les « bonnes pages ». L’auteur est un militant communiste de Saint-Junien, communiste comme il se doit ( gilet jaune avant l’heure). Il nous conte par le menu l’exécution de quelques traîtres.

« Un Alsacien marié à une Française et engagé dans la Wehrmacht finissait sa permission le 21 mars 1944. Le 20 nous décidons de l’attaquer et de le descendre. Nous partons à trois et pendant que le camarade et moi montions la garde, l’autre de deux balles dans la tête exécute le traître ».

En fait ce soldat  était engagé dans la L.V.F. lui était un vrai traître. En juin 1944 notre maquisard rejoint le groupe « Rolland » cantonné au hameau des Ramades.

« Le lendemain le groupe auquel j’étais rattaché parti à côté du Chêne-Plantier faire un barrage. Les 15, 16 et 17 juin 1944 nous restons là-bas. Le 16 un milicien passe avec toute sa famille ne pensant pas être reconnu. Mais le malheur pour lui est qu’il y avait un camarade qui le connaissait et nous l’arrêtons. A la tombée de la nuit, il s’évade et pendant deux heures nous le cherchons mais nous ne le trouvons pas. Bien qu’il soit blessé, il  nous échappe. Nous allons arrêter sa femme, son associée plutôt en représailles et nous la gardons.
J’avais allumé un peu de feu malgré la nuit et nous nous chauffions pendant que les camarades faisaient leur tour de garde ou se reposaient. Avec deux autres, nous interrogions la gonzesse. Nous avions les mains un peu lestes pendant qu’elle se défendait mollement, après un autre attaquait par ailleurs. Enfin le sergent donna l’ordre de la ramener chez elle, elle n’était pas celle que nous voulions. Nous la ramenons à deux et en arrivant à la maison, nous avons rigolé un bon coup et nous sommes revenus au barrage reprendre notre poste.»
« Le 18 un milicien est amené au camp et je suis chargé de l’interroger et c’est moi qui le soir l’ai abattu comme un animal malfaisant.  Je l’ai tellement bien interrogé que je conserve encore la  marque de mon poing et qu’il a avoué »

Il est alors affecté à la 2 414èmecompagnie mais il ne perd pas la main.

«  Comme je me suis bien conduit au combat on me donne un milicien à exécuter, je lui fais creuser son trou et sauter dedans se coucher, après quoi, soigneusement je le descends. C’était le 30 juin. C’était mon deuxième milicien.»

Et le 3 et 4 juillet :

« Nous sommes allé chercher le milicien qui nous avait été désigné. Une garce de gonzesse nous tire dessus et blesse un copain, ce fut le bouquet. Nous l’arrêtons et revenons au camp avec 3 prisonniers : 2 miliciens et une milicienne et avec 10 fusils e 10 revolvers. Nous allons déménager une fois de plus et quand nous sommes arrivés je demande et obtiens d’exécuter la milicienne. Elle avait 48 ans, j’ai gardé son anneau de mariage en souvenir.»

« Avant que je l’exécute, elle m’a dit textuellement : «  Ce n’est pas bien ce que vous faites là, celui qui est la-haut vous jugera et vous irez en enfer
« Comme je suis beaucoup croyant je m’ennuie follement »

Plus tard dans la nuit.

«  Et à un kilomètre de là, il y a une maison où habitait un milicien. Nous nous arrêtons chez lui et le faisons prisonnier et moi-même je l’exécute, ça faisait 4 boches, 3 miliciens et une milicienne que j’avais sur la conscience ».

«  Le 20 juillet, occupation de Saint Sulpice les feuilles, 31 miliciens arrêtés et exécutés, parmi lesquels 6 femmes dont 4 de moins de 20 ans. Le 21, occupation du Dorat 14 miliciens arrêtés et exécutés. »

Comme vous le voyez il ne fallait sans doute pas grand-chose pour être déclaré milicien quant aux jeunes filles de moins de 20 ans on se doute bien qu’elles ne devaient pas être très dangereuses ni engagées dans la collaboration.

D’ailleurs un certain nombre de ces exécutés ont été déclarés « mort pour la France »

Mais nous n’y pouvons rien c’est la justice du peuple.

A bientôt pour la suite de nos aventures

Donec

Sur la peau de bouc (motif de punitions dans la Marine de grand père)

  • 40 jours de prison (ordre du Préfet Maritime) « Avoir été l’objet d’une ordonnance de non-lieu. »

Les mots du Général

Du maréchal Montgomery : « Ce n’est pas un soldat, c’est un acteur. Mais il joue tellement bien la comédie du chef qu’il arrive à s’identifier à son personnage. »

Histoire du bon vieux temps

Bonjour la compagnie,
Autour de moi l’humeur est à l’orage, et tous regrettent le bon vieux temps où l’honnêteté régnait à tous les étages, les épouses étaient fidèles et  les  maris attentionnés.

Pourtant en ces temps anciens, vers 1914 nous avons pu constater quelques fâcheux dérapages aux conséquences souvent fatales.

Qui se souvient aujourd’hui de  l’édifiante affaire du Salmson-Moineau ?

René Moineau est un ingénieur jamais à court d’idées, passablement débrouillard et prêt à tout pour faire avancer ses affaires. Pilote il participe à de nombreuses expérimentations sur les Breguets qui participent aux éliminatoires de la coupe Schneider. En 1914 la guerre éclate et le voilà au camp retranché de Paris.

Il intègre alors la société Samson qui produit les moteurs d’avions qui vont faire sa fortune. Pourtant une étape reste à franchir, la réalisation d’un véritable avion ; les Allemands de leur coté ne sont pas restés inactifs et envoient sur  le front leurs Fokkers « Eindecker » qui sont équipés d’une mitrailleuse tirant à travers le disque de l’hélice et qui mettent à mal nos antiques Voisins.

Plein d’imagination René Moineau  va concevoir une étrange machine dont le moteur installé dans la carlingue va actionner deux hélices.  Sur l’avant installé dans un balcon le mitrailleur est  prêt à en découdre.  Le même équipement est installé sur l’arrière. Malheureusement la machine est trop lourde, son moteur chauffe, et elle plafonne à 120 km /h ce qui en fait l’appareil le plus lent de sa génération. C’est le genre d’avions que tous les pilotes exècrent surtout s’ils doivent affronter la chasse allemande.  Les services-techniques de l’armée demandent s’il est bien raisonnable de commander ce monstre.

Pourtant une commande est officialisée le 18 novembre 1916. Commande hors de prix puisque proposée à 75 000 francs quand le Caudron R.IV se négocie à 35 000 francs. 105 modèles sont pourtant commandés.
Inutile de vous dire que de nombreux accidents assombrissent le tableau, en huit mois 31 tués, disparus, prisonniers ou blessés. L’atterrissage c’est quitte ou double. Engagé dans le secteur du chemin des dames son activité opérationnelle ne durera pas.

Mais comment une telle machine a pu être acquise par l’armée ? La seule explication que nous pouvons admettre, c’est la corruption des décideurs publics par le constructeur. Ajoutons qu’est entré dans la boucle un personnage sulfureux : Charles Humbert. Il  saura  se tirer des situations les plus abracadabrantesques  ses co-accusés étant eux condamnés à mort (affaire Bolo Pacha). Humbert est un sénateur très influent, membre de la toute-puissante commission sénatoriale des armées. Il n’hésite devant rien, le chantage ou la prévarication intervenant dans les commandes militaires et ramassant sa petite commission au passage.
En 1919 l’affaire Samson éclate,

 On découvre par exemple qu’il à tenté en 1912 d’obtenir une commission de 250 000 francs pour défendre en commission d’achat le « Flyer » de Wilbur Wright. Celui-ci refusera mais visiblement le motoriste Samson n’a pas les mêmes scrupules. Un arrangement est même trouvé qui permettra à Humbert de faire un lobbying effréné, de multiplier les éloges du constructeur dans son journal et de bien beurrer ses épinards.

Pourtant dans les différents procès auxquels il devra répondre l’affaire des Salmson-Moineau n’est jamais évoquée. Pourtant il y avait fort à parier que le bon sénateur avait su donner le coup de pouce au bon moment.

Ainsi nous pouvons dire : « c’était pire avant ! »

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Sur la peau de bouc : « Avoir profité du mal de mer de ses camarades pour boire toutes les rations de vin et ivresse légère ».

Les mots du Général :
La reddition du commandant des forces allemandes à Paris achoppe sur l’opposition des troupes F.T.P. En désespoir de cause, Leclerc décide d’appeler le Général.

  • Mon général, j’ai un problème avec Rol-Tanguy…
  • Qui est ce Rol ?
  • Le chef des F.F.I. Mon général.
  • Et alors,
  • Et bien Rol-Tanguy ne veut pas que…
  • Ecoutez Leclerc, votre Rol, tout F.F.I.  qu’il est c’est un civil  non ? C’est un Français, non ?
  •  …
  •    Bon, et bien… Foutez -le à la porte !