Les affaires sont les affaires…

ca donne quoi nous ont oublie‌‌Bonjour la compagnie,

« Et si quelqu’un à bord avait la peste, ne lui parle que de loin et le fréquente plus, même si c’était ton meilleurs ami. L’amitié c’est une chose admirable, mais la peste, c’est la fin du monde !»Pagnol par la voix de Raimu

Le Grand Saint Antoine était un trois-mâts carré. Il appareilla le 22 juillet 1719 pour la Syrie où sévissait la peste. Il y embarque une cargaison de 100 000 écus d’étoffes précieuses infectées par des puces porteuses de la bactérie Yersinia pestis. Le 3 avril un passager meurt et sur le chemin du retour sept matelots disparaissent, un huitième tombe malade avant l’arrivée à Livourne en Italie.

Cette hécatombe ne sembla pas affoler les médecins italiens qui laissèrent le Grand Saint Antoine poursuivre sa route vers Marseille et le Brusc où il fait escale. Discrètement le capitaine avertit les armateurs car la date de la foire de Beaucaire est imminente. Ceux-ci font jouer leurs relations auprès des échevins marseillais pour éviter la quarantaine, source de retard et de manque à gagner. D’ailleurs tout le monde s’entend sur le peu de risque que représente cette épidémie. Tout cela c’est de l’histoire ancienne ! Néanmoins les autorités marseillaises envoient chercher à Livourne un certificat attestant que « tout va bien à bord ».

Le Grand Saint Antoine parvient à Marseille le 25 mai, mouille jusqu’au 4 juin et se rapproche des infirmeries d’Arenc pour y débarquer passagers et marchandises. Puis on les invite à faire faire une petite quarantaine pas féroce. Mais entre-temps la peste c’est étendue en Provence malgré l’ordre du régent Philippe d’Orléans de brûler navire et cargaison.

En juillet 50 morts par jour.
En août 1000 morts par jour.

Il est alors décidé de construire un cordon sanitaire matérialisé par un muret de 27 kilomètres de long, gardé nuit et jour par les troupes françaises et papales. La peste tuera 140 000 habitants sur les 400 000 que compte la région. La ville de Marseille paiera un tribut encore plus lourd puisque 40 000 habitants disparaîtront sur une population de 90 000 habitants.

Le fléau ne sera éradiqué qu’en 1723

Nous noterons au passage que les ententes diverses et variées conçues pour contourner les lois existaient déjà aux heureux temps de la monarchie et sont toujours à la mode pour le plus grand intérêt de quelques-uns.

A la semaine prochaine

Le journal de la passerelle N-18

Donec

14-18 la fin des paysans

coup au moins

quitte la marine  Bonjour la compagnie,

Le 11 novembre 1918 le clairon Octave DELALUQUE sonne la fin des combats de la grande guerre. L’holocauste commencé quatre ans plus tôt se terminait enfin. La médiocrité des hommes politiques poussés dans le dos par une élite bravache allait faire payer l’impôt du sang à la paysannerie française.

Loin des discours enflammés des Barrès et autres Déroulède, nos paysans menés sabre au clair par les « hussards noirs » de la République découvrirent bien vite que la guerre fraîche et joyeuse n’existait que dans les pages du « Gaulois », du « Temps » ou de « l’Action Française ». Pour connaître le quotidien de nos grands-pères au front, plongeons- nous par exemple dans la lecture des « Carnets de Guerre » de Louis BARTHAS, tonnelier à Peyriac-Minervois. Il évoque la guerre sans fard ni lyrisme. Mais n’oublions pas que tous ne sont pas à la même enseigne, la vie est beaucoup plus décontractée pour les embusqués de toutes sortes.

Selon le caporal BARTHAS le poilu ne se battait pas pour ruiner l’Allemagne ou pour reprendre l’Alsace et la Lorraine, il se battait par honnêteté, par habitude, par force, il se battait parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Bref son imaginaire relevait plus de la chanson de Craonne que de la Marseillaise.

Malgré l’inhumanité de cette guerre que le « bonhomme » ressentait profondément, il a tenu bon. S’il s’est parfois révolté contre des chefs incapables et féroces c’est qu’il en avait vraiment plein la musette. Mais jamais il ne lâcha prise et n’abandonna son poste.

En tout cas dimanche avec mes amis nous saluerons la mémoire de ces braves paysans de France, nos grands-pères, qui ont tant donné pour leur chère patrie.

A la semaine prochaine

Donec

Maurice GENEVOIX au Panthéon : belle initiative

Le journal de la passerelle N-16 (1)