Il n’y a pas que Marie Curie

Bonjour la compagnie,

Il est bien agréable d’écouter un livre disque quand on est perdu dans un embouteillage, les conducteurs à nos côtés font grise mine, pestent, vocifèrent, klaxonnent et nous, imperturbables, découvrons une œuvre ou un personnage. Quand un auteur est lu par un comédien, le récit prend un relief nouveau. Tout cela pour vous dire que j’ai mis dans mon Blaunpunkt la biographie de Simone Veil. Cette Dame a débuté son adolescence au milieu d’assassins, l’a poursuivie en ferraillant avec des butors enragés, heureusement l’épilogue fut plus heureux.

Trois mots la  qualifient : beauté, intelligence, humanité.

Niçoise, elle connaît une enfance bourgeoise avec son frère et ses sœurs, même si la crise des années trente impacte durement la vie de la famille.  Fort caractère, elle entonne un jour, sur son balcon « l’internationale », dénoncée par un voisin, son père doit se justifier auprès de la police. Les Jacob, patronyme  de la petite Simone, appartiennent  à cette élite juive, non religieuse, cultivée et amoureuse de la France. En 1941 le Maréchal Pétain veille sur les bons français, leur enjoignant d’accepter les misères du temps, juste retour de bâton après les extravagances folles des années trente et du front populaire. Naturellement les Juifs sont en dehors des préoccupations du bon vieillard et ce n’est pas parce que le père de Simone a fait une belle guerre de 14 qu’il aura la vie sauve. En 1943, ils prendront, après une escale à Drancy, le chemin  d’Auschwitz-Birkenau, camp d’extermination comme chacun sait.

 Elle y portera le matricule 78651

Son séjour dans le camp nazi est une aventure effroyable mais sa beauté la sauve du pire. La Kapo chargée du tri l’enverra pour cette raison, avec sa sœur, jouer les petites mains à l’usine Siemens plutôt que charrier des blocs de roches dans la carrière de la mort. Néanmoins sa mère, son père et son frère n’auront pas la même chance.

Au retour d’Auschwitz, elle est une jeune fille qui a touché le fond de la misère humaine. Elle va  se souvenir des traitements infligés aux proscrits et en tenir compte. Elle entreprend alors avec courage et détermination ses études de droit et de sciences politiques qui vont mener cette femme d’exception au plus haut niveau des responsabilités.

Mais la route est longue. La voilà confrontée à la haine et à la bêtise à front de taureau. Distinguée par sa hiérarchie, elle devient magistrate attachée titulaire auprès de l’administration pénitentiaire. Dans cette période glauque des années 50 elle n’aura de cesse d’améliorer le sort des prisonnières.

C’est l’époque de la guerre d’Algérie où les pires horreurs sont commises. Il ne fait pas bon d’être détenue FLN dans les prisons d’Alger. Simone Veil est indignée par ce qu’elle apprend et ce qu’elle subodore. Mais la dame est combative, elle ne cède rien et jamais. Elle fait donc rapatrier toutes ces prisonnières dans des prisons métropolitaines. Ces femmes lui en seront éternellement reconnaissantes.

En 1974 Giscard D’Estaing accède à la présidence de la république et veut absolument faire  du neuf, du moderne et du décoiffant. Il va s’y employer avec le fantasque Servan-Schreiber qui passe en coup de vent et avec  la courageuse Simone qu’il jette dans l’arène. En ces temps d’obscurantisme, les femmes  n’étaient pas autorisées à interrompre leur grossesse, c’était fermement puni par la loi..  Pourtant chaque année  300 000 d’entre elles,  au péril de leur vie, faisaient disparaître une naissance non désirée à l’aide d’une matrone et d’aiguilles à tricoter. Dans ces conditions, de nombreuses femmes mouraient  ou étaient traumatisées. L’abrogation de la loi était  dans toutes les têtes, cette bonne vieille loi de 1920 renforcée en 1941 où l’avortement était assimilé à un crime d’État. Ministre de la santé de Jacques Chirac, elle est encore peu connue du grand public. Soutenue par l’entourage du président comme du premier ministre, elle va s’employer à faire passer une loi dont aucun des pisse-vinaigre de l’assemblée nationale ne veut. La bataille dure trois jours et trois nuits souvent contre sa propre majorité : catholique, conservatrice et d’extrême-droite. Les pires déclarations sont faites : « L’IVG serait une euthanasie légale », «  de la barbarie organisée qui rappelle le nazisme et les fours crématoires ». C’est Jean Foyer, maire de Tours, que la presse satirique tourne en dérision qui mène la fronde (et la danse). Chirac lui-même vient sur le banc des ministres pour la soutenir. Les premiers mots de son discours sont dans toutes les têtes – « Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme, Je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes ». La loi est enfin adoptée après la prise de parole de 74 orateurs. Simone Veil  suscite alors l’admiration des Français et acquiert une notoriété qui ne s’est jamais démentie.

Autre combat, l’Europe, pour elle la construction européenne est le seul moyen d’éviter les drames du passé. Giscard d’Estaing lui propose de porter les couleurs de l’U.D.F. Ce sera donc une victoire qui lui fera accéder à la présidence du Parlement Européen. Elle occupera ce poste trois années avant de se consacrer à d’autres tâches toujours prestigieuses : ministre d’état, haut conseil à l’intégration, puis elle entre au conseil constitutionnel. En 2008 elle la voilà à l’Académie Française, fauteuil numéro 13 celui de Jean Racine et de Pierre Loti.

Elle disparaît en juillet 2017 et depuis 2018 elle repose au Panthéon auprès de son mari Antoine.

Quel personnage et quelle vie !

A bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Sur la peau de bouc, motifs de punition dans la Marine Nationale : « Flâner avec un air sournois près de la cambuse »

Les mots du Général : Garden-party à l’Elysée. Dans un coin du parc, des journalistes désœuvrés regardent passer les invités et tuent le temps en pillant un buffet. Touché par tant de détresse, l’attaché de presse élyséen promet que le général va venir se soumettre au supplice de la question.

Conciliabule agité entre le Général et son attaché. Finalement, le Général se détache du groupe agglutiné autour de lui et glisse, majestueux, vers les reporters qui l’attendent, crayons et bloc-notes dressés. Il toise l’adversaire :

 – Il fait bon sous ces ombrages ! dit-il. Et Il s’éloigne vers un autre groupe.

Sacré David

Bonjour la compagnie,

Quand on déambule sur la promenade Maurice Rouvier à Saint Jean Cap Ferrat, avec une vue imprenable sur la villa Kérylos nous atteignons bientôt une maisonnette baptisée lo Scogliéto « petit rocher ». Elle est adorable avec son petit port et abrita quelques temps un acteur britannique à l’humour désopilant : David Niven.

Il disposait d’un port minuscule et d’un frêle esquif qu’il empruntait pour se rendre au port des Fourmis et faire ses courses. De là, le journal acheté, il faisait une petite visite à « Photo Bristol » où officiait Jacques qui avait suivi dans les années 44 une petite formation en Écosse pour faire dérailler les trains, exploser les bunkers ou envoyer les sentinelles allemandes rejoindre leurs ancêtres. Là, sous l’œil amusé de l’épouse du photographe, petite blonde pétillante, les deux compères se livraient à quelques saluts suivant le cérémonial britannique. Car n’oublions pas que Niven avait fait ses humanités à Sandhurst, haut lieu de la culture militaire en vogue de l’autre côté de la Manche.

Dans son livre « Décrocher la lune » David nous livre quelques anecdotes désopilantes. Je lui laisse la parole. Il est ce soir-là invité à une soirée mondaine…

« Tournée sur tournée dans l’antichambre et enfin, juste comme je me mettais en route pour une visite des plus indispensables aux toilettes, Mr. Gifford annonça le dîner. La vessie pleine à éclater, on me conduisit à ma chaise près du colonel, comme un mouton à l’abattoir. Etant donné qu’il ne m’avait toujours pas directement adressé la parole pendant le service, je n’étais guère en position de lui demander la permission de m’absenter un instant, requête d’ailleurs inconcevable, car officiers et gentlemen ne devaient sous aucun prétexte quitter la table avant la fin du dîner et le toast porté au roi. La sueur me jaillit par tous les pores de la peau quand j’imaginais les heures d’agonie qui s’étendaient devant moi. Il y a longtemps que j’ai oublié qui était à ma droite. Qui que ce fût, lui aussi ne lança jamais un mot dans ma direction.

Ainsi dans un silence lamentable, je passai le repas, jambes croisées, sueur dégoulinant sur mon plastron empesé, tandis que mon col cassé se fanait sous l’averse.

Le potage froid (nouvelle épreuve pour ma vessie) fut suivi de divers services, tous abondamment arrosés d’un vin différent. Je buvais tout ce que l’on plaçait devant moi, dans le vague espoir que quelque chose agirait comme un anesthésiant et diminuerait ma torture.

Le temps d’arriver au fromage, j’étais à toute extrémité, et plus rien ne m’importait. Ma carrière pouvait aussi bien se terminer ce soir même dans une petite mare sous la table d’acajou, je n’en avais cure ; mais heureusement les secours étaient en route. Mr.Gifford se pencha vers moi et me chuchota à l’oreille. :

Avec les compliments de Mr. Trubshawe, sir, je viens de placer un magnum vide sous votre chaise.

Le soulagement qui suivit ces mots ne peut se comparer à un flot harmonieux mais plutôt à une impétueuse cataracte, qui s’écoula apparemment interminable. Mais ayant fermement coincé la bouteille entre mes deux genoux, je pus viser d’une main, tandis que l’autre restait bien en évidence sur la table, émiettant nonchalamment un biscuit à la cuillère. Ce fut aussi bien, car, soudain, le colonel me prit à témoin, et me parla pour la première fois. Je fus si ébranlé par ce brusque revirement de l’étiquette que je faillis lâcher ma prise sur le récipient tiède et maintenant assez lourd, clandestinement calé entre mes jambes.

Il s’exprima avec une concision et une clarté admirable : – J’ai, dit-il baisé des femmes de toutes les nationalités, et la plupart des animaux, mais il y a une chose que je ne peux pas supporter, c’est une fille qui a l’accent de Glasgow, passez le porto. »

Il ne m’adressa plus jamais la parole.

[…] Enfin après que le major des cornemuseurs eut joué son pibroch en solo, cet air admirable et poignant La Bataille désespérée des oiseaux, le colonel sortit de la salle en vacillant, suivi des survivants qui se livrèrent alors à de monstrueuses embardées ponctuées de cris démentiels, le tout baptisé « danses écossaises » pour la circonstance. Celles-ci, à leur tour, dégénérèrent en une compétition tendant à savoir qui, en passant sur les meubles, pouvait faire plus vite le tour de l’antichambre sans toucher le sol ; Trubshawe, Pleydell-bouvrie, Kelburn et moi-même partîmes quelque peu alarmés quand un général d’aviation mangea une flûte de champagne, tige, pied et tout, et que les commandants proposèrent la compétition suivante : ramasser avec les dents une boîte d’allumettes sur le sol, avec une bouteille de champagne en équilibre sur la tête. »

Vous avez maintenant la preuve que sous des allures un peu guindées les Britanniques sont de joyeux drilles…

A bientôt pour de nouvelles aventures et en attendant passez de bonnes fêtes et à l’année prochaine….

Donec

Sur la peau de Bouc : les motifs de punitions dans la Marine nationale – « avoir été trouvé chantant dans un débit alors qu’il était censé être malade à domicile »

Les mots du Général : Du maréchal Montgomery : « Ce n’est pas un soldat, c’est un acteur. Mais il joue tellement bien la comédie du chef qu’il arrive à s’identifier à son personnage. »

Rev’la les sauveteurs

ah ces sauveteurs en mer !

Bonjour la compagnie,

Les promeneurs qui déambulent sur les quais du port de Saint Laurent du Var voient parfois le bateau orange de la SNSM entrer dans le port à couple avec un navire de plaisance. Tout se passe avec sérieux mais à la bonne franquette, le temps est doux, la mer étale et les canotiers font des signes d’amitié aux enfants fascinés par le canot de sauvetage (prononcez « canote »).

Mais vous vous doutez bien qu’il n’en est pas de même quand le vent souffle et que les vagues bousculent  la digue. Tout devient alors plus compliqué. Dans le dernier numéro de « Sauvetage », sous le titre « dans la tempête au pied des falaises deux navigateurs sauvés sur un fil » Patrick Moreau évoque un sauvetage au large de Dieppe effectué par le canot tout temps SNS 089 « Cap Fagnet ». Nous sommes le 18 juin, il fait un temps de chien, vent de force 7 tourbillonnant, creux de plus de trois mètres, le soir tombe. C’est ce jour-là qu’un couple de plaisanciers mexicains habitant Paris a  décidé d’une balade en mer sur  « l’Appolonia », solide voilier de neuf mètres.

Tout se passe à merveille jusqu’à l’explosion du génois. C’est panique à bord, l’épouse se réfugie dans l’habitacle.  Voilà le skipper seul sur un pont balayé par les vagues dans une mer furieuse. Comme les ennuis n’arrivent jamais seuls le moteur lâche et la barre ne fonctionne plus. Voilà l’embarcation à la dérive dans une mer déchaînée se dirigeant vers le cap Fagnet et ses hautes falaises.

Au CROSS GRIS NEZ on prend la mesure du drame. En réponse à l’appel affolé du skipper, le canot tout temps « Cap Fagnet » est immédiatement engagé. Il est 1h02 quand les sauveteurs sont en vue de « l’Apollonia ». Ils lancent  leur touline frappée au filin d’une remorque mais le skipper, tétanisé, ne peut la saisir.

Un des canotiers, Louis, propose une idée folle par cette mer démontée, passer sur le voilier. C’est un sacré risque, les embarcations ne sont jamais au même niveau, s’écartent, se rejoignent, les ponts sont glissants. Louis insiste, jeune, en grande forme physique, rompu à la manœuvre, un cœur « gros comme ça ». Il saute et se reçoit in-extremis sur le voilier. On lui lance la touline, il amarre la remorque à l’unique taquet disponible  qui cède… Sous l’orage qui illumine le voilier, il saisit l’écoute du génois qui traîne dans l’eau et parvient à amarrer la remorque avec,  au mât. Sur ces entrefaites la chaîne de mouillage cède et part au fond. Louis la détache. Le remorquage peut commencer, la falaise et les écueils sont de plus en plus proches. Un moment après la seconde remorque cède, elle bat l’air et vient engager une des hélices du canot. La mer est déchaînée et la vedette ne peut plus compter que sur un moteur.  Le CROSS GRIS NEZ engage alors un second canot la SNS 080 Notre Dame de Bon secours de la station de Dieppe et par la même occasion l’hélicoptère Guépard Whisky basé au Touquet. Il est 3h41 le pilote n’a jamais mené un sauvetage de nuit dans de pareilles conditions météo. Le voilier n’a plus ni électricité ni radio. La 080 braque sur lui son projecteur pendant que l’opération de treuillage commence. Les embardées désordonnées du voilier et son haubanage interdisent au plongeur de bord d’accéder au bateau. Il faut que tous se jettent à l’eau. Louis les prépare pour cette opération délicate, capelle les gilets de sauvetage  et déclenche manuellement le gonflage. L’hélico se présente à quinze mètres au-dessus de l’eau à l’arrière du bateau en détresse et commence le sauvetage. Maintenant au treuilliste de l’hélico de faire, de retenir le câble pour éviter le ballant, de guider le pilote à froler la falaise dans la bourrasque. La plaisancière saute la première dans les bras du plongeur : une vie de sauvée.  Puis c’est au tour du skipper que l’hypothermie gagne, il est figé, tétanisé, Louis le pousse à l’eau : seconde vie sauvée.  Tout cela a duréDoneos un témoignage de satisfaction où il salue le sang-froid de Louis et le courage des canotiers engagés dans le sauvetage.

Merci au magazine « Sauvetage » qui m’a fourni largement la matière de mon texte.

Et à bientôt pour de nouvelles aventures

Donec

Sur  la peau de bouc, motifs de punition dans la Marine Nationale : « Avoir compromis son uniforme dans une maison mal famée et battu la débitante. »

Les mots du général : un ancien militaire redevenu civil poursuit ses ex collègues de son mépris.

–          Mon général ! vous ne pouvez nommer le général X… ! il est vraiment trop con.

–          Con ! le général X… ? s’indigne le Général.

–          Et après un temps de réflexion !

–          Figurez-vous que je le sais depuis plus longtemps que vous !

C’est ainsi que le général X… reçut sa troisième étoile.

PS : passant à la librairie Jean Jaurés je n’ai pas pu résister à une extraordinaire photo de Brassaï ou deux marins entourent une jeune fille équipée à  la mode des années trente. Ah, nostalgie quand tu nous tiens !

Pour la petite histoire la photo  date de 1933 et elle a été prise place d’Italie sans doute dans un lieu plutôt mal famé. Nous y voyons donc deux petits gars de l’aéro entourant la belle Conchita (selon les critères de l’époque). Ce petit ouvrage est édité pour le compte de « Médecins sans Frontière », il nous plonge dans le monde disparu de nos grands parents  pour la modique somme de 12.50 €. 

1942 du Rififi à Toulon

Bonjour la compagnie,

Chaque époque a son caractère. Il y a la grandeur qu’affectionnait de Gaulle, la douceur de vivre des années qui précédèrent la Révolution, la violence des années de la « Grande Guerre » et puis la médiocrité qui caractérisa l’Etat Français.

Après l’attaque surprise et injuste de Mers el Kébir un vent anti –britannique souffla dans les carrés de nos bâtiments de guerre et certains, tels l’amiral comte de Laborde ou l’amiral Darlan qui se détestaient n’avaient en commun que la haine de l’Anglais.

La retraite forcée de notre Flotte à Toulon émoussa gravement la combativité des chefs de la Marine qui se retrouvaient en quelque sorte « demi-solde ». Ils  ne prirent jamais la mesure de la roublardise d’Hitler et pas un instant ne crurent qu’il pouvait trahir sa parole.

Quand les alliés débarquent le 8 novembre 1942 en Afrique du Nord, certains sont prêts tel l’amiral Négadelle à envoyer nos sous-marins affronter l’armada anglo-saxonne.

Conséquence de ce débarquement, les Allemands envahissent la zone Libre le 10 novembre 1942.  Pas un instant les autorités françaises ne pensent que la Flotte de  Toulon courre le moindre danger. Les autorités allemandes ne les détrompent pas.

L’amiral Auphan, secrétaire d’Etat à la Marine, inquiet, va inciter le Maréchal Philippe Pétain à quitter la France et lui demander de faire appareiller la Flotte. Le Maréchal répond « Je ne vois aucune raison de quitter les Français » et laisse l’appareillage en suspens. Auphan aurait pu ordonner l’appareillage mais De Laborde, chef de la Flotte de Haute Mer, aurait-t-il obéi ? Auphan, façonné à l’obéissance, ne fit rien. Il n’imaginait pas alors que la sortie de nos bâtiments puisse rapidement devenir impossible.

Il envoya pourtant des instructions sur la conduite à tenir en cas d’intervention des Allemands.

1)      Empêcher toute effusion de sang

2)      S’opposer à l’entrée des troupes étrangères à bord des bâtiments et négocier

3)      En cas d’échec saborder les bâtiments

Pour se rassurer il écrit une lettre au grand Amiral Raeder, chef de la Marine allemande, où il évoque un ennemi et un passé commun sous l’aile bienveillante du Maréchal. Il dit aussi qu’ils  se rencontraient  « sur le chemin de l’honneur et de la fidélité à leurs patries respectives ». Le destinataire de la lettre, soulagé d’une telle attitude, répondit sur un ton bienveillant, confiant la défense de Toulon à la Marine française. Ce que les amiraux Auphan, de Laborde et Marquis, le préfet maritime, prirent très au sérieux et discutèrent avec leurs homologues allemands du réarmement de certaines batteries.

Pendant ce temps nos amis d’Outre-Rhin qui ont une idée derrière la tête poursuivent leur stratagème qui est clairement d’enlever un maximum de défenses au camp retranché pour le moment venu le prendre d’assaut sans coup férir.

Marquis et De Laborde sentirent bien que ça ne tournait pas rond et que l’orage venait mais pour leurs équipages ils poursuivirent leur fiction : « Le maréchal veut que cette défense soit confiée uniquement à des marins ». Le camp retranché de Toulon est non seulement   en sous-effectifs pour assurer la défense mais  leurs amis d’Outre-Rhin leurs retirent tout moyen aérien d’observation ou d’attaque ne leur laissant que les coucous de l’aéronavale embarqués sur les plages d’envol des unités.

Après le 19 novembre les dés sont jetés, l’appareillage est impossible et l’aviation ennemie tourne dans le ciel toulonnais. Il ne va plus rester que ce suicide collectif qu’est le « Sabordage ». Celui-ci sera mené avec talent et efficacité, la préparation sera une réussite.

Voyons l’horaire d’exécution :

0’ : rassemblement des équipes de sabordage 

10’ : début de l’opération

20’ : portes du condensateur ouvertes

30’ : réducteurs avariés au chalumeau

40’ : panneaux et hublots ouverts ; grenades amorcées

50’ : découpage des cloisons au chalumeau (fin du premier temps) – ouverture des vannes

60’ : toutes vannes ouvertes

80-90’ : bâtiment coulé et chaviré.

Et v’la l’travail !

Par le plus grand des hasards 5 000 marins allemands étaient  arrivés sur le port de Marseille afin d’armer, disaient les allemands, les navires marchands que Laval avait généreusement remis aux autorités d’occupation. Mais qui pouvait croire à cette fiction ?

Le 25 novembre les amiraux croient ou feignent de croire dans les promesses d’Hitler et confiants accordent aux hommes mariés l’autorisation de coucher de nouveau en ville.

Le 27 novembre Hitler prend sa plume pour accuser les amiraux français de ne pas avoir respecté leur parole (sic) et il annonce l’occupation de Toulon et la dissolution de l’armée d’armistice et ajoute, comble d’ironie, que ces mesures ne sont ni dirigées contre la France ni contre ses soldats.

Le même jour, sans en avoir parlé aux Italiens, à 4h1/2 une importante colonne se dirige vers le fort Lamalgue pour s’assurer de la personne de l’amiral Marquis. Toutes les communications dans la région ont été interrompues.  Les Allemands prennent l’amiral au saut du lit mais malheureusement pour eux l’alerte est donnée, De  Laborde est averti, Vichy prévenu. Quand les premiers Allemands pénètrent dans l’arsenal du Mourillon, les ordres sont déjà déclenchés et l’opération commence vers 5h15.

La belle Flotte française s’est fait harakiri.

Voilà le résultat des tergiversations, hésitations, atermoiements de ces hommes obnubilés par la haine de l’Angleterre et  leur croyance  en la parole d’Hitler. Naturellement planait au-dessus d’eux l’ombre castratrice du maréchal Pétain qui n’était plus alors l’homme de 1917. Les Auphan, De Laborde, Marquis, Le Luc, et quelques autres avaient tous manqué leur rendez-vous avec l’Histoire.

A bientôt pour de nouvelles aventures ;

Donec

La première Dame

Bonjour la compagnie,

Aujourd’hui les filles, dans les nations civilisées, sont souvent les meilleures dans les facultés de médecine et sont incontournables à l’école de la Magistrature. Il y a quelques mois j’ai visité le « Charles de Gaulle » et surprise le patron du service détection, notre guide, était une jeune femme, brillante capitaine de corvette.

Il n’en a pas toujours été de même et pour se faire une place au soleil,  il y a soixante-dix ans,  il fallait une volonté d’acier car les mâles leur opposaient un mur de mépris infranchissable.

Pourtant un jour, dans l’armée de l’air il y eut une première femme pilote et c’était Claire Roman.

Qui s’en souvient, il y a 81 ans qu’elle a disparu !

Elle était née dans un milieu bourgeois aisé en 1906, jeune fille brillante, bachelière à 16 ans, elle part en Angleterre pour faire son apprentissage des langues puis s’inscrit en philosophie à la Sorbonne. En 1929 elle se marie avec Serge Roman, lieutenant au 31ème régiment d’infanterie, qui très affecté psychologiquement par la guerre de 14-18 se suicidera en 1932.

Bouleversée par cette tragédie, Claire quitte son milieu et s’engage comme infirmière de la Croix Rouge au Maroc. C’est pendant ce séjour qu’elle découvre l’aviation sur le terrain de Meknes. Le 26 novembre 1932 elle obtient son brevet de pilote ayant 26 heures de vol à son actif.

En septembre 1933, bonheur insigne, elle fait le convoyage d’un Caudron de Meknes à Paris. Elle rejoint Barcelone en  7 heures avec un ravitaillement à Tanger. Le lendemain, elle se pose à Lyon et le surlendemain à Paris. Elle est conquise.

Elle apprend à piloter diverses machines : Caudron C22, Morane Saulnier 230, Potez 43.1 mais aussi des Avro « Avian » ou « Cadet », des De Havilland « Push Moth ». Elle s’initie au vol de nuit et à la voltige avec Hélène Boucher. Le 17 mars 1936 elle passe avec succès son brevet de pilotage sans visibilité puis celui de pilote et navigateur de transport. Elle devient alors très expérimentée.

Cette fanatique (de l’aviation) décide alors d’un raid Le Bourget Pondichéry avec son amie Alix Lucas-Naudin. Ce raid s’effectue avec un Salmson « Phalène » de 135 ch équipé de réservoirs supplémentaires. Au retour de cet exploit, elle est fêtée par l’Aéro-club de France où Madame Blériot lui remet une plaquette commémorative.

En 1938 la situation internationale va changer la donne. Jusqu’à présent les femmes étaient exclues de la carrière militaire. Mais elles sont entêtées. Les pilotes féminines revendiquent de plus en plus haut et fort leurs compétences. Sans vouloir la chasse ou le transport lourd elles se veulent  estafettes, monitrices, convoyeuses, réceptionneuses où pilotes d’avions sanitaires. Ces appels sont entendus par le ministre de l’air  Guy la Chambre et quatre pilotes féminines sont intégrées dont Claire Romans.

En novembre 1939 un décret autorise enfin toute femme détentrice d’un brevet de pilote civil et de 300 heures de vol d’être affectée comme auxiliaire pilote de l’armée de l’air avec le grade de sous-lieutenant pour six mois ou plus. Notre amie titulaire de 749 heures de vol signe le 13 juin son acte d’engagement et devient la première femme pilote de l’armée de l’air.

Femme admirable, elle va trouver le moyen de transporter ses homologues masculins afin de leur permettre de récupérer des avions, d’être faite prisonnière et de s’évader.

Malheureusement dès l’armistice son corps est dissous et elle reprend ses activités d’infirmière de la Croix Rouge.

Le 4 août 1941 voulant rejoindre sa mère souffrante à Pau, elle embarque dans un Caudron « Goéland ». Le temps est exécrable, l’appareil vole trop bas et percute le pic d’Estable dans les Pyrénées. Elle avait 35 ans.

Suzy Mathis lui rendra dans la presse en 1946, un bel hommage : «  pilote remarquable, Claire Roman, coéquipière de Maryse Bastié, faisait partie du groupe des six ambassadrices volantes qui devaient avant la guerre, aller du Proche-Orient au cœur de l’Afrique, en  un grand raid de propagande aéronautique. D’origine alsacienne, Claire Roman était blonde et de taille moyenne. Jamais elle ne parlait d’elle ; cette jeune femme au visage triste et sérieux était une grande patriote à l’âme intrépide. »

Merci au Fanatique de l’Aviation qui m’a fait découvrir cette femme d’exception.

A bientôt pour de nouvelles aventures

DONEC                    

Sur la peau de bouc (motif de  punitions dans la Marine Nationale) : avoir uriné dans la batterie avec arrogance et ostentation.

Les mots du Général : « 1922. Le Général n’est que capitaine. Il savoure d’autant plus au cours d’un exercice tactique à l’école de guerre, le plaisir de commander en chef le « camp bleu ». Rien ne prend à défaut le stratège. Rien ne stoppe ses folles offensives.  Exaspéré par tant d’assurance et de réussite, le colonel qui mène l’offensive lui pose un traquenard.

–          « Et comment dans votre offensive, faîtes vous manœuvrer votre train des équipages ? »

–          Le Général en herbe se tourne, majestueux, vers le camarade qui joue le rôle du chef d’état-major :

–          « Chef ! répondez donc à la question du Colonel ! L’intendance et les questions matérielles ne sont pas du ressort du commandant en chef… »

Qui sont nos amis

Salut la compagnie,

Si l’on parle aux Français d’ennemis héréditaires, ils pensent immédiatement aux Anglais qui ont d’abord brûlé Jeanne D’Arc et poursuivi leur besogne en coulant notre flotte à Mers el Kébir. Pourtant rien n’est simple. Ma mère en juillet 1944  faisait les foins dans la montagne limousine, elle vit des Wellington ou des Lancaster passer au ras de la cime des arbres. Ils venaient parachuter des armes  au maquis du  Colonel Guingoin qui faisait face à la brigade du Général Von Jesser. Ces avions salvateurs portaient les cocardes de la Royal Air Force.

Aujourd’hui, les Allemands que nous avons connus d’une méchanceté sans borne ne ménagent plus leurs embrassades, roucoulades et tendres poignées de main mais n’hésitent jamais à tirer la couverture à eux au prétexte que  leur économie nous taille des croupières (grâce à qui ?). Ne serait-t-il pas plutôt des prédateurs héréditaires ?

Pourtant il est un peuple, qui vit aujourd’hui sous le joug d’un satrape oriental avec lequel nous n’hésitons jamais à faire un bout de chemin ensemble. La villa de mon amie à Saint Jean Cap Ferrat est nichée entre celle d’un diamantaire britannique et celle d’un oligarque russe. Sa clôture étant quelque peu démantibulée, le bijoutier a imposé une participation financière conséquente pour la pose d’un mauvais grillage alors que l’oligarque à réalisé une magnifique enceinte prenant les dépenses à sa charge.

Voilà bien exprimée la générosité des habitants de cet immense pays. Déjà le 29 novembre 1942 quand les membres de l’escadrille « Normandie » débarquent de trois Lisunov (DC3 construits en Russie) sur la base d’Ivanovo, ils sont acclamés dès leurs descente d’avion. Il y a là aux ordres du commandant Jean Tulasne, Roland de la Poype, Albert Durant, Marcel Albert, Joseph Risso, Albert Littolf et bien d’autres qui vont se couvrir de gloire et nouer de solides relations affectives et amicales.

Naturellement le Colonel d’aviation Corniglion-Molinier, personnage niçois hors du commun, participe à la mise en œuvre de cette aventure héroïque.

Si les Français ferraillent  aux côtés des Russes dans le ciel moscovite, en France des fils de Russes blancs organisent des réseaux à commencer par le premier d’entre eux, celui dit du « Musée de l’Homme » mis en place par Boris Vildé.

Dès 1942, la France abrite un grand nombre de citoyens soviétiques, au moins 40 000, ce sont les prisonniers que les Allemands ont envoyés aussi bien sur le mur de l’Atlantique que dans les mines du Nord et du Pas-de-Calais. Ils disposent d’un statut d’esclaves qui va les inciter à jouer les filles de l’air et partir rejoindre les Francs-Tireurs et partisans français de sensibilité communiste.

Autre source de participation des Russes à la résistance française : les incorporés de force dans la Wehrmacht. Plus de 650 000 soviétiques, des Ukrainiens, des Tatars, des Cosaques, des Arméniens, des Géorgiens sont contraints de servir les nazis. Mais les désertions se produisent à grande échelle.  Ainsi c’est un bataillon entier composé d’Ukrainiens de la Waffen-division-grenadier der SS qui rejoint les  maquis du Haut Doubs avec armes et bagages. Les Georgiens, les Arméniens ou les Tatars ne sont pas en reste et désertent après avoir éliminé leurs cadres allemands. Dans le Nord et l’Est  de la France ce sont des groupes  entiers qui sont créés composés de ressortissants Soviétiques.

Tout naturellement c’est le Parti Communiste qui encadre et organise tout ce beau monde pour franchir l’obstacle de la langue. Mais il se montre particulièrement efficace.

L’épilogue sera glorieux pour les héros de « Normandie-Niemen » et ils entreront dans la légende atteignant pour certains d’entre eux les rangs les plus élevés et prestigieux de la hiérarchie militaire. Il n’en sera pas de même pour les héros Russes de la Résistance Française qui retourneront dans la « mère-patrie ». Staline leur ayant préparé un accueil à sa façon dans les plaines glaciales de Sibérie.

Pour conclure il n’y a chez les Russes ni la fourberie des Britanniques, ni la morgue suffisante des Allemands à notre égard. Peut être sont t-il alors les amis héréditaires dont nous rêvons même si aujourd’hui un satrape oriental les conduit sur un mauvais chemin.

A bientôt pour de nouvelles aventures

L’Evêque de Nice

Bonjour la Compagnie,

Le comté de Nice a vécu une guerre de 1940 en deux époques, celle de l’invasion italienne avec une  mise à l’abri des Juifs par ces occupants humanistes (infiniment plus que les laudateurs du Maréchal). La seconde époque fut beaucoup moins drôle avec la main-mise d’une armée allemande très portée sur la solution finale.

Quelques visages d’humanité se distinguaient dans cette période noire et l’un des plus prestigieux fut Monseigneur Paul Rémond, évêque de Nice. En ces temps reculés, au début du XXème siècle les ecclésiastiques de haut rang représentaient une frange de la société absolument opposée à la République, réactionnaire et obscurantiste.

Monseigneur Rémond était d’une autre essence, natif du jura, docteur en théologie, nommé d’abord à Besançon, il s’y fait remarquer par ses qualités humaines et son talent oratoire.  La grande guerre allait faire de lui un autre homme. A la tête d’une compagnie de mitrailleuses, il devint l’ecclésiastique le plus gradé de l’armée française. En 1921 la France occupe la rive droite du Rhin et un évêque doit être nommé sur ce territoire éphémère. Inutile de dire que ce poste est hautement politique, car il doit faire montre de qualités diplomatiques évidentes.  Monseigneur Rémond, entraîneur d’hommes, alliait une connaissance de la langue allemande à un dynamisme et un patriotisme sans faille.

Etre aumônier général de l’armée du Rhin c’était nouer avec les autorités locales les liens les plus cordiaux possible.

Sa candidature est retenue par Aristide Briand.

En 1922, le Saint-Siège approuva la politique de la France menée en Rhénanie ce qui n’était pas une mince affaire. En 1930, à l’issue de cette occupation il est nommé évêque de Nice et y restera jusqu’à la fin de sa vie.

En 1940 il est submergé par la défaite mais il suit le Maréchal Pétain. Il ne se confond pas en idolâtrerie et refuse cet antisémitisme qui fait le sel de ce gouvernement de collaboration. Avec un ami juif, Moussa Abadie, il sauve d’une mort certaine plus de cinq cent enfants juifs aidé en cela par des autorités italiennes qui affrontaient souvent sur ce sujet l’administration française.

Inutile de dire qu’elle fut sa notoriété à la Libération !

Monseigneur Rémond alliait une réelle autorité, un humour désopilant et un républicanisme qui lui fit soutenir le général De Gaulle et sa cinquième République. Il était un homme de paix, un chrétien qui lui fit refuser aussi bien le totalitarisme marxiste que les excès d’un capitalisme débridé. Bien sûr il est nommé juste parmi les nations.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Donec

Sur la « peau de bouc », motif de punitions dans la Marine Nationale : « Avoir tenté avec préméditation d’assommer le premier maître Gibert avec une gueuse (défense mobile de Corse-1895- condamné à mort et commué en 10 ans de travaux publics)

Les mots du Général :

Arrestation du Général  Jouhaud. Roger Frey, aux anges se précipite à l’Elysée.

– Alors Frey, il vous a fallu un an pour arrêter un chef de l’O.A.S. ! Et pour comble, vous m’arrêtez le plus bête et le plus difficile à fusiller !

Les train du bonheur

Bonjour la Compagnie,

On ne peut se faire une idée de ce que fut la grande misère des années 1945-1946 pour les populations malmenées par la guerre.  Et que dire des épreuves que subirent les enfants qui erraient à travers les décombres de l’Europe ? Rosselini dans « Allemagne année zéro »  nous fait un portrait saisissant de  la vie d’un adolescent dans les ruines de Berlin. Malaparte dans « La Peau » saisit les moments de grande détresse des jeunes Napolitains. En ces temps reculés (le bon vieux temps pour certains) la protection de l’enfance balbutiait et l’exploitation des mineurs sous toutes ses formes était la règle.

 Teresa Noce, résistante communiste, revenue du camp de Ravensbrück allait ameuter celles qui pendant la guerre avaient lutté dans les « Gruppi di difesa delle donne » et demande aux camarades de Reggio-Emilia, région agricole de prendre en charge quelques enfants. La réponse des habitants dépasse toutes les espérances.

Ainsi pendant les deux hivers qui suivent le conflit dix à douze mille enfants napolitains seront hébergés par des familles de paysans, d’ouvriers et d’artisans de toute l’Emilie Romagne. Avant leur départ tous ces enfants étaient lavés, habillés, chaussés de neuf et munis de papiers d’identités.

Les familles hôtes les traitaient comme leurs propres enfants, les nourrissaient et les envoyaient à l’école. Les enfants étaient alors émerveillés après leur premier voyage en train de  découvrir tant de richesses. Les maisons étaient chauffées, les salamis pendaient aux poutres et les jouets étaient de tissu et non de carton.

Naturellement les séparations furent difficiles  pour les enfants comme pour les familles hôtes d’autant qu’elles savaient que ces enfants repartaient vers une vie des plus précaires dans les faubourgs pouilleux de Naples.

D’autres organisations n’eurent pas la probité et l’honnêteté des organisations communistes. C’est ainsi que près de 15 000 enfants furent arrachés à leur famille et envoyés pour nombre d’entre eux au Canada.  Certaines fratries se cherchent encore.

Des films italiens ont évoqué cette détresse comme « El limpiabotas » de Vittorio de Sica ou « fratelli » d’Angelo Longoni.

Merci au magazine « la Charte » qui m’a fait découvrir ce sujet poignant et à bientôt pour la suite de nos aventures.

Donec

Sur la peau de bouc (motifs de punition dans la Marine Nationale) : « s’esquiver de l’inspection en tournant autour d’un pilier».

Les mots du Général :

Septembre 58. Les fées qui se penchent sur le berceau de l’U.N.R. n’arrivent pas à se mettre d’accord sur l’avenir du nouveau-né. Cruel dilemme. Le mouvement sera-t-il à droite, à gauche, au centre, au centre gauche, au centre droit ? En désespoir de cause, on décide de consulter le général.

Jugement de l’Oracle.

–      Votre parti prétend servir de Gaulle, non ?

Murmure approbateur et déférent des inconditionnels.

–      Alors toutes vos histoires ne veulent rien dire, De Gaulle n’est pas à gauche. (silence menaçant) Ni à droite. Ni au centre. De Gaulle (et  la voix s’enfle) est au dessus.

Le Gnaf

Une des formes les plus courantes de cet « éreintement » consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.

Il existait d’ailleurs dans « l’argot Baille » un terme spécial : le « GNAF » pour désigner ce jeu de mots sur les noms propres. Ce vocable est tombé dans l’oubli et n’était déjà plus utilisé en 1928.

Le grand nombre de « noms à tiroir » que l’on rencontrait à toutes les pages de l’annuaire excitait immédiatement la verve de nos anciens. C’est ainsi que, sans qu’il fut besoin d’une astuce fumante, les transformations suivantes avaient été opérées :            

DANGUY des DESERTS                                                Tango des désirs ou le Bédoin

DANERY                                                                     Tissus

DARD                                                                         Tout court

DARODES de TAILLY                                                   D.D.T. ou tue-mouche

DARRIEUS                                                                   Kiki ou Henri-Kiki

DAUMAIN                                                                   Les mains sales

DAUMALIN (Pierre Edouard)                                      Vue de face

DEBRAY                                                                      Le colonel

DE GAULLE                                                                 Sosthène

DE GOUYON MATIGNON DE PONTOURAUDE                         Ces messieurs : il manquait un peu de simplicité

DE VIGOUROUX D’ARVIEUX                                        Old zob ou vieux dard vigoureux

D’HARCOURT                                                              Short zob

DEBOIGNE                                                                  Presse étoupe

DECOUX                                                                     Pan pan

DEGERMAN                                                                Le petit chien ou Klebar

DELOCHE                                                                               « Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son Mais qui entend Deloche n’entend qu’un con ».

DELUZARCHE                                                              Peine à jouir ou Lulu

DENIS                                                                         Minahouet

DESCOTTE GENON                                                     Genotte des cons

DEVIN                                                                         2/20 c’est bien payé 

DE LA FAYE DE GUERRE                                              De la paille de fer

DE LA FOREST DIVONNE                                             Du bois d’Henriette

DE PENFENTENYO DE KERVEREGUEN                          Le bidon Shell car chaque goute compte : très austère et très pratiquant. Il était père d’une nombreuse famille

DE PEYTES DE MONCABRIER                                       La louffe de ma chèvre

DE VEILLECHEZE de la MARDIERE                               La vieille merde de la chaisière

Ces Anglais sont impayables

Bonjour la Compagnie,

L’autre domaine en dehors de celui de la trahison où les Britanniques excellent c’est l’humour (sans doute pour mettre du liant à la trahison).

Pour preuve un article publié dans le Télégramme qui éclaire sur le comportement de ce peuple étonnant, sûr de lui et plutôt dominateur.

Il s’agissait, en 1933 de la révolution que fut pour les Anglais le changement des ordres de barre. Ces nouvelles dispositions concernaient la Royal Navy, les Royal Fleet Auxiliaries et la Marine marchande.

Dorénavant pour aller à droite on ferait mettre la barre à droite et pour aller à gauche on ferait mettre la barre à gauche. Une idée aussi simple était une véritable révolution ; les journaux d’Outre-Manche en parlèrent comme d’un événement prodigieux. Jusque-là les Anglais étaient restés fidèles en esprit à la barre franche, en dépit de tous les progrès, en dépit des circuits hydrauliques et des servo-moteurs. Pour aller à droite on feignait toujours de croire que le barreur avait entre les mains une barre franche et on lui ordonnait de la pousser vers la gauche. Moyennant quoi il obéissait scrupuleusement en tournant sa roue vers la droite. Ce système admirablement britannique durerait encore si les étrangers avaient eu le bon esprit de s’y conformer. Mais leur obstination à faire le contraire était la cause de tant d’accidents en pilotage de port que les Anglais ont fini par céder et par faire comme tout le monde. Même avec le système le plus simple, nul n’est à l’abri cependant de confondre sa droite avec sa gauche. Un jour, sur un dragueur océanique qui chenalait dans le canal de Bizerte, le barreur se trompe de la sorte. Après la confusion et le tumulte, le commandant tout ému s’écrie : « Ouf, j’ai eu chaud ! » Cinq minutes après, l’émotion étant un peu retombée, il se tourne vers l’officier de quart, et lui dit d’un ton paternel : « Nous avons eu chaud ! » Une heure plus tard, le calme tout à fait revenu, il lui dit enfin d’un ton sévère : « Vous avez eu chaud ! »  

A bientôt pour la suite de nos aventures

Donec

Sur la peau de bouc (motifs de punition dans la Marine Nationale) : « Exciter la risée des sous officiers du poste de Phu-hin-bing ».

Les mots du Général :

Derrière son bureau de bois blanc de la rue de Solférino, le Général dresse un réquisitoire contre la Quatrième république. Nous sommes en 1958.

–      Et après … ils abandonneront la Corse, et la Bretagne ! et l’Auvergne… (un temps.) non ils garderont l’Auvergne… Personne n’en veut !

Le Gnaf

Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.

CHABAUD                   Beau minet

CHALAND DE CEVINS             Bugalet de pinard. Il avait la réputation (bien méritée) de boire comme un trou

CHALINE                     Chalingrad

CHARLES ATHANASE DE PECHEROUX DE COMMINGE DE GUITAUD Dit : ces messieurs ou apportez trois chaises

CHAUMEIL                   Le Tché ou la Mouche parce que la mouche tché-tché donne le  chaumeil

CHERRIERE                   Que dit ce gros Cherrière ?

CLISSON                      Le connétable

CLOAREC                    « P’tit zef » ou « cloclo » ou « p’tit Louis »

COATANEA                 La bombe à neutrons car elle détruit le personnel mais pas le matériel

COGNEY                     Le « Sheriff »

COLIN DE VERDIERE    Coquin du derrière

COLLET                        Le « Régicide » car il avait tué le roi des cons pour prendre sa place

CONDROYER               Dit : « monsieur de Roye »r ou « Chose Royer » ou « Nounours ».

CONGE                       « Con je suis, con je reste »

CORDA                       1801 ou Sursum (concordat)

CORNILLEAU               Poila aux pattes

COYNE                        Attila (le roi des « Hums »)

CROS   La  Soutchedanne (a été sous les ordres du CV Chaumeil)

CROUZAT                     La crevette ou la gonzesse paranoïaque

CUNY (le jeune)          Dit « la formation » parce que Cuny y forme

–       Les trois dards fatigués

–       DARCOURT                                                                Short zob

–       DARLAN                                                                     Slow zob (1)

–       DARVIEUX                                                                  Old zob

Vive les polards

Bonjour la compagnie,

Se rendre sur le tombeau des ancêtres est toujours une belle aventure, en 700 kilomètres d’autoroute je franchis 40 années et je me retrouve vers 1980 dans l’atmosphère et le décor de ces temps anciens où Mitterrand faisait peur aux enfants et où Le Pen, le bandeau sur l’œil, nous contait quelques fariboles savoureuses et parachutistes.

A l’arrivée au vieux pays, on aère la ferme sur laquelle  sont gravés un nom et une date : Bussière 1732. Rien n’a changé depuis 1960 ni dans le contenu des tiroirs ni dans celui des placards.  Les livres se sont en revanche entassés aux côtés des tableaux du fils Queneau. Ma petite-fille dort dans un lit-hamac tout en creux menacé par une armoire pleine de costumes d’un autre siècle et d’une pile d’objets hétéroclites et inutiles. Elle est ravie…

Que vais-je lire cette semaine, le choix est grand,  les maquis de la montagne limousine et leur héros le colonel GUINGOIN, les mémoires de Marcelle DELPASTRE chantre de la langue d’oc, les œuvres incertaines d’une palanquée d’écrivains modernes et naturellement, comme il se doit, les interdits de Céline ?

L’ayant rencontré au générique de nombreux films et pas des moindres, j’opte pour une autobiographie, celle de José GIOVANNI.

Je découvre un personnage de roman, condamné à mort puis gracié qui va montrer  un remarquable talent d’écrivain avec une imagination sans bornes. Ses romans vont être adaptés au cinéma par des réalisateurs de premier ordre comme Jacques Becker (le trou), Claude Sautet (Classe tous risques) ou Robert Enrico (Les grandes gueules). Ecrivain, il est salué par ses pairs : Roger Nimier, Pierre Mac-Orlan ou Jean Cocteau. Il est l’ami de Lino Ventura, de Jean Paul Belmondo, d’Alain Delon et  de Jacques Rufus. Son fond de commerce c’est la pègre. Les mauvais garçons le fascinent. Il est par ailleurs un sportif accompli, à commencer par l’alpinisme où il excelle en étant l’ami de René Desmaison. Plus tard c’est en pédalant qu’il imaginera ses scénaris.

Arrêtons-nous sur les « Grande Gueules » le western des forêts vosgiennes. Pendant la gestation de cette œuvre que tout le monde connait, il pédale un peu dans la choucroute sur le plan du casting, il verrait bien Lino Ventura dans la peau du patron de la scierie mais… Pour mieux réfléchir, il décide de se faire la face nord de l’aiguille du Dru avec un alpiniste chevronné, Jacques le Menestrier.

L’ascension commence à 4 heures du matin  et à midi ils s’engagent en rampant dans une minuscule ouverture qui les conduira sur la face sud. A 600 mètres au dessus du vide, ils cassent la croûte. Il a alors une vision, pour la marche de sa scierie artisanale menacée (un haut fer), il n’a pas besoin d’un Lino Ventura tout en force et en puissance mais d’un homme simple proche du terroir, un peu timide et il pense à Bourvil : bingo.

« Merci chère face nord duDru ! » pense t-il. Et il s’en va embrasser la vierge métallique installée au sommet.

Sa filmographie que je découvre est impressionnante, outre « le trou », « Les aventuriers », « Classe tous risques », « Un nommé la Rocca », « le deuxième souffle » et bien d’autres sans oublier son magnifique réquisitoire contre la peine de mort « deux hommes dans la ville » et toute cette œuvre écrite avec son éternel Bic sur du papier pelure.

Un homme d’honneur à redécouvrir.

Et pour conclure ses mots « ça mène à tout un crayon à bille et du papier pelure, et la symphonie du 38 spécial des privés américains. »

A bientôt pour de nouvelles aventures…

Donec

Sur la peau de Bouc : (motifs de punitions dans la Marine) : « faire par vengeance du Thé aux officiers avec de l’eau de savon et rire ».

Les mots du Général : «  Une réunion au R.P.F. le Général parle et condamne le « système ».

–          Il faut tuer la gueuse ! crie un « militant ».

–          Apprenez Monsieur, qu’en France la République ne se renverse pas. Chassez-la et elle revient au galop.

  Le Gnaf

Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.

Ce jeu de mots avait un nom « le gnaf » (en 1928), en voilà quelques uns :

BRASSEUR KERMADEC                                                J.B.K. ou Brasseur quel sale mec ou ma sœur quelle braguette

BREART de BOISANGER                                              La roi Jean puis Pépé

BROWN DE COLSTOUN                                               Drôle de costume                                         

Médecin Général BUFFET                                            Henri  II

Bullier                                                                         John (John Bull)

BURIN des ROZIERS                                                                 Bédane des bégonias ou des églantines ou brise nouille

De CACQUERAY                                                        Caco ou le Son (Cacré son)

CAMINATI                                                                   Catin de mimi

CAMUSSOT                                                                 Caligula

CANEVET                                                                               Riton la science

CAPELLE                                                                     Cassius

CAZENAVE                                                                 CAZO

CHABAUD                                                                  Beau minet