Bonjour à tous,
Un de mes correspondants qui veille sur la destinée de la station de sauvetage en mer d’une île charentaise m’a conté la belle histoire qui suit et clos notre « affaire du gélotube ».
Au début des années 50 en Indochine, un matelot était embarqué sur un bâtiment dont le rôle consistait à contrôler toutes embarcations susceptibles de transporter du matériel destiné au vietminh. Les croisières duraient deux à trois semaines. Un jour notre marin apprend qu’il existe dans l’arsenal même de Saigon un bordel tenu par un aumônier militaire.
Poussé par une curiosité qui caractérise les équipages de notre Marine, il décide avec un copain de découvrir les lieux. Ils se rendent donc dans la villa discrète sensée abriter le lupanar. Ils toquent à la porte et sont reçus par un homme qui sent son officier de marine à dix pas, et arbore la croix pectorale. Il invite nos amis à s’assoir et leur offre une orangeade. L’atmosphère est glacée, nos matelots sont mal à l’aise et ne savent pas trop sur quel pied danser. Les filles apparaissent indochinoises parlant français et plutôt jolies à la mode annamite. Mais le cœur n’y est plus et ils s’enfuient.
Quarante ans plus tard l’ex matelot emprunte une ligne aérienne intérieure et se trouve assis à coté d’un prêtre, la conversation s’engage. Il découvre alors que son interlocuteur n’est autre que l’aumônier du bousbir de Saigon. Après quelques hésitations le sujet est abordé. Notre ami découvre alors que cet établissement permettait d’arracher aux souteneurs des prostituées de bas étage. Prises en charge par l’armée, nourries, soignées et suivies médicalement, elles échappaient à « l’enfer du trottoir ». Elles pratiquaient alors le seul métier qu’elles connaissaient. Au bout de quelques mois, rebicoulées, elles étaient envoyées dans des provinces éloignées pour refaire leur vie avec le petit pécule constitué grâce à l’aumônier.
Et il acheva, ému « J’en ai tellement sauvé ! » et ajouta « Je sais que Dieu me pardonnera ».
A la semaine prochaine
Donec