Vol dans le ciel de Serbie en 1914

Bonjour la compagnie,

Quand nous pensons à la guerre de 1914, nous oublions souvent les Balkans et les peignées que nous nous sommes mis avec les casques à pointe.

La guerre se pratiquait là-bas dans des conditions abominables avec un armement dérisoire mais les quelques Français qui avaient fait le voyage avaient le cœur bien accroché.

En avril 1915 le capitaine Mortureux, nouvel arrivant regardait avec envie les Croix de guerre qu’arboraient avec morgue les autres officiers. Il ne demandait qu’à passer à l’action. Il prit donc la place de l’observateur dans le Farman de l’escadrille MF 99 S et en route pour les sensations fortes. La mission consistait à titiller les canonnières fluviales austro-hongroises, bêtes noires des Serbes. Quand l’objectif fut atteint, Mortureux retira la sécurité du percuteur et lança la bombe par-dessus bord. Aucun bruit d’explosion ne retentit. L’équipage découvrit avec horreur que la bombe était accrochée par une de ses ailettes à un tendeur du train d’atterrissage et pendait dans le vide, la tête en bas. Se poser, c’était la mort assurée.

Après avoir lancé les trois autres bombes Mortureux allait accomplir un exploit d’acrobate volant. Il s’agenouilla sur l’aile inférieure et se penchant dangereusement dans le vide, les bras tendus, il parvint à détacher la bombe qui tomba dans un champ. Inutile de dire qu’à l’époque il ne portait pas de parachute.

Voilà au moins une croix de guerre qui n’aura pas été volée !

A la semaine prochaine

Donec

Les filles prennent le pouvoir

Bonjour la compagnie,

Il y a quelques jours avait lieu la « journée du marin » dont l’objectif avoué est de susciter des vocations. Naturellement à cette occasion les préparations militaires marines ont le vent en poupe et sont à l’honneur. L’évènement avait lieu à Cannes où une goélette avait été affrétée. Un de mes amis a envoyé une photo des stagiaires prise sur le grand voilier. On voit trois pov’ matelots, entourés d’un escadron de huit » matelotes » conquérantes, preuve s’il en était que le pouvoir est en train de changer de main.

Il n’en a pas toujours été ainsi vers 1914 les filles étaient reléguées à des postes subalternes et sans avenir. Pour lever la tête hors de l’eau elles devaient être d’une trempe exceptionnelle à l’image de Nicole Girard-Mangin, médecin, maîtresse-femme et …suffragette.

D’origine meusiennne, Nicole MANGIN naît à Paris en 1878. A 18 ans elle entame des études de médecine et se marie deux ans plus tard avec André Girard négociant en vin fortuné. Elle travaille d’abord avec son mari mais en 1903, lasse de compter les bouteilles revient à la médecine. Elle présente sa thèse sur les poisons cancéreux en 1906. En 1914 la voilà au dispensaire de Beaujon.

Quand la guerre éclate, elle ne barguigne pas avec le patriotisme et s’engage. L’armée qui pense avoir affaire à Gérard MANGIN l’envoie comme médecin-auxiliaire à l’hôpital de Bourbonne-les-Bains. Bien en peine de se trouver un uniforme, elle en confectionne un en s’inspirant des femmes médecins britanniques.

Voulant se rapprocher de l’action, elle permute avec un confrère et s’installe à Reims. Elle accomplit son sacerdoce avec rigueur, fermeté et une infinie compassion. Pourtant au début de l’année 1916 mutée à Vacherauville dans un hôpital de campagne à quelques kilomètres de Verdun rien ne lui sera épargné. Femme, on lui interdit l’accès de l’hôpital. Mais son autorité, son charisme, sa compétence ne se discutent pas. Elle se rend indispensable.

Le 21 février 1916, désemparée, elle assiste à la déroute française. Le 25 février l’évacuation est ordonnée, il reste 9 blessés intransportables, elle décide de rester avec eux. Pendant deux nuits, elle connaît l’angoisse avant de ramener quatre des plus atteints à Clermont-en-Argonne, avec son chauffeur. Au cours du détour par Sivry-la-Perche, elle est légèrement touchée par un fragment de mica. Elle parvient à déposer ses patients à Froidos et repart à Bar-le-Duc où sont encore les cinq autres, en pleine zone de combat. Pour ce fait d’armes, elle est promue médecin-major en 1916.

On lui confie alors la direction de l’hôpital-école Edith Cavell à Paris où sont formées les infirmières auxiliaires.

Après la guerre, la terrible épidémie de grippe espagnole se déclare faisant des victimes par milliers. Nicole Girard-Mangin est à nouveau à la manœuvre ferraillant avec l’administration pour donner le meilleur à ses malades.

Elle disparaît il y a juste un siècle, le 6 juin 1919 pour avoir absorbé une trop forte dose de médicaments dans des circonstances qui restent troubles.

A la semaine prochaine

Donec

PS : comme chaque année le lundi de la Pentecôte nous nous rendrons à Fréjus sur la stèle du Thoron pour commémorer trois accidents de l’aéronavale : celui du Thoron, le crash du MD 312 au col de Gratteloup et le super Frelon qui c’est abimé en baie de Saint Tropez
Rendez vous sur la stèle à 10h00(avenue de Lattre de Tassigny à l’angle de l’avenue du docteur Augier).