Le comté de Nice a vécu une guerre de 1940 en deux époques, celle de l’invasion italienne avec une mise à l’abri des Juifs par ces occupants humanistes (infiniment plus que les laudateurs du Maréchal). La seconde époque fut beaucoup moins drôle avec la main-mise d’une armée allemande très portée sur la solution finale.
Quelques visages d’humanité se distinguaient dans cette période noire et l’un des plus prestigieux fut Monseigneur Paul Rémond, évêque de Nice. En ces temps reculés, au début du XXème siècle les ecclésiastiques de haut rang représentaient une frange de la société absolument opposée à la République, réactionnaire et obscurantiste.
Monseigneur Rémond était d’une autre essence, natif du jura, docteur en théologie, nommé d’abord à Besançon, il s’y fait remarquer par ses qualités humaines et son talent oratoire. La grande guerre allait faire de lui un autre homme. A la tête d’une compagnie de mitrailleuses, il devint l’ecclésiastique le plus gradé de l’armée française. En 1921 la France occupe la rive droite du Rhin et un évêque doit être nommé sur ce territoire éphémère. Inutile de dire que ce poste est hautement politique, car il doit faire montre de qualités diplomatiques évidentes. Monseigneur Rémond, entraîneur d’hommes, alliait une connaissance de la langue allemande à un dynamisme et un patriotisme sans faille.
Etre aumônier général de l’armée du Rhin c’était nouer avec les autorités locales les liens les plus cordiaux possible.
Sa candidature est retenue par Aristide Briand.
En 1922, le Saint-Siège approuva la politique de la France menée en Rhénanie ce qui n’était pas une mince affaire. En 1930, à l’issue de cette occupation il est nommé évêque de Nice et y restera jusqu’à la fin de sa vie.
En 1940 il est submergé par la défaite mais il suit le Maréchal Pétain. Il ne se confond pas en idolâtrerie et refuse cet antisémitisme qui fait le sel de ce gouvernement de collaboration. Avec un ami juif, Moussa Abadie, il sauve d’une mort certaine plus de cinq cent enfants juifs aidé en cela par des autorités italiennes qui affrontaient souvent sur ce sujet l’administration française.
Inutile de dire qu’elle fut sa notoriété à la Libération !
Monseigneur Rémond alliait une réelle autorité, un humour désopilant et un républicanisme qui lui fit soutenir le général De Gaulle et sa cinquième République. Il était un homme de paix, un chrétien qui lui fit refuser aussi bien le totalitarisme marxiste que les excès d’un capitalisme débridé. Bien sûr il est nommé juste parmi les nations.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Donec
Sur la « peau de bouc », motif de punitions dans la Marine Nationale : « Avoir tenté avec préméditation d’assommer le premier maître Gibert avec une gueuse (défense mobile de Corse-1895- condamné à mort et commué en 10 ans de travaux publics)
Les mots du Général :
Arrestation du Général Jouhaud. Roger Frey, aux anges se précipite à l’Elysée.
– Alors Frey, il vous a fallu un an pour arrêter un chef de l’O.A.S. ! Et pour comble, vous m’arrêtez le plus bête et le plus difficile à fusiller !
On ne peut se faire une idée de ce que fut la grande misère des années 1945-1946 pour les populations malmenées par la guerre. Et que dire des épreuves que subirent les enfants qui erraient à travers les décombres de l’Europe ? Rosselini dans « Allemagne année zéro » nous fait un portrait saisissant de la vie d’un adolescent dans les ruines de Berlin. Malaparte dans « La Peau » saisit les moments de grande détresse des jeunes Napolitains. En ces temps reculés (le bon vieux temps pour certains) la protection de l’enfance balbutiait et l’exploitation des mineurs sous toutes ses formes était la règle.
Teresa Noce, résistante communiste, revenue du camp de Ravensbrück allait ameuter celles qui pendant la guerre avaient lutté dans les « Gruppi di difesa delle donne » et demande aux camarades de Reggio-Emilia, région agricole de prendre en charge quelques enfants. La réponse des habitants dépasse toutes les espérances.
Ainsi pendant les deux hivers qui suivent le conflit dix à douze mille enfants napolitains seront hébergés par des familles de paysans, d’ouvriers et d’artisans de toute l’Emilie Romagne. Avant leur départ tous ces enfants étaient lavés, habillés, chaussés de neuf et munis de papiers d’identités.
Les familles hôtes les traitaient comme leurs propres enfants, les nourrissaient et les envoyaient à l’école. Les enfants étaient alors émerveillés après leur premier voyage en train de découvrir tant de richesses. Les maisons étaient chauffées, les salamis pendaient aux poutres et les jouets étaient de tissu et non de carton.
Naturellement les séparations furent difficiles pour les enfants comme pour les familles hôtes d’autant qu’elles savaient que ces enfants repartaient vers une vie des plus précaires dans les faubourgs pouilleux de Naples.
D’autres organisations n’eurent pas la probité et l’honnêteté des organisations communistes. C’est ainsi que près de 15 000 enfants furent arrachés à leur famille et envoyés pour nombre d’entre eux au Canada. Certaines fratries se cherchent encore.
Des films italiens ont évoqué cette détresse comme « El limpiabotas » de Vittorio de Sica ou « fratelli » d’Angelo Longoni.
Merci au magazine « la Charte » qui m’a fait découvrir ce sujet poignant et à bientôt pour la suite de nos aventures.
Donec
Sur la peau de bouc (motifs de punition dans la Marine Nationale) : « s’esquiver de l’inspection en tournant autour d’un pilier».
Les mots du Général :
Septembre 58. Les fées qui se penchent sur le berceau de l’U.N.R. n’arrivent pas à se mettre d’accord sur l’avenir du nouveau-né. Cruel dilemme. Le mouvement sera-t-il à droite, à gauche, au centre, au centre gauche, au centre droit ? En désespoir de cause, on décide de consulter le général.
Jugement de l’Oracle.
– Votre parti prétend servir de Gaulle, non ?
Murmure approbateur et déférent des inconditionnels.
– Alors toutes vos histoires ne veulent rien dire, De Gaulle n’est pas à gauche. (silence menaçant) Ni à droite. Ni au centre. De Gaulle (et la voix s’enfle) est au dessus.
Le Gnaf
Une des formes les plus courantes de cet « éreintement » consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.
Il existait d’ailleurs dans « l’argot Baille » un terme spécial : le « GNAF » pour désigner ce jeu de mots sur les noms propres. Ce vocable est tombé dans l’oubli et n’était déjà plus utilisé en 1928.
Le grand nombre de « noms à tiroir » que l’on rencontrait à toutes les pages de l’annuaire excitait immédiatement la verve de nos anciens. C’est ainsi que, sans qu’il fut besoin d’une astuce fumante, les transformations suivantes avaient été opérées :
DANGUY des DESERTS Tango des désirs ou le Bédoin
DANERY Tissus
DARD Tout court
DARODES de TAILLY D.D.T. ou tue-mouche
DARRIEUS Kiki ou Henri-Kiki
DAUMAIN Les mains sales
DAUMALIN (Pierre Edouard) Vue de face
DEBRAY Le colonel
DE GAULLE Sosthène
DE GOUYON MATIGNON DE PONTOURAUDE Ces messieurs : il manquait un peu de simplicité
DE VIGOUROUX D’ARVIEUX Old zob ou vieux dard vigoureux
D’HARCOURT Short zob
DEBOIGNE Presse étoupe
DECOUX Pan pan
DEGERMAN Le petit chien ou Klebar
DELOCHE « Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son Mais qui entend Deloche n’entend qu’un con ».
DELUZARCHE Peine à jouir ou Lulu
DENIS Minahouet
DESCOTTE GENON Genotte des cons
DEVIN 2/20 c’est bien payé
DE LA FAYE DE GUERRE De la paille de fer
DE LA FOREST DIVONNE Du bois d’Henriette
DE PENFENTENYO DE KERVEREGUEN Le bidon Shell car chaque goute compte : très austère et très pratiquant. Il était père d’une nombreuse famille
DE PEYTES DE MONCABRIER La louffe de ma chèvre
DE VEILLECHEZE de la MARDIERE La vieille merde de la chaisière
L’autre domaine en dehors de celui de la trahison où les Britanniques excellent c’est l’humour (sans doute pour mettre du liant à la trahison).
Pour preuve un article publié dans le Télégramme qui éclaire sur le comportement de ce peuple étonnant, sûr de lui et plutôt dominateur.
Il s’agissait, en 1933 de la révolution que fut pour les Anglais le changement des ordres de barre. Ces nouvelles dispositions concernaient la Royal Navy, les Royal Fleet Auxiliaries et la Marine marchande.
Dorénavant pour aller à droite on ferait mettre la barre à droite et pour aller à gauche on ferait mettre la barre à gauche. Une idée aussi simple était une véritable révolution ; les journaux d’Outre-Manche en parlèrent comme d’un événement prodigieux. Jusque-là les Anglais étaient restés fidèles en esprit à la barre franche, en dépit de tous les progrès, en dépit des circuits hydrauliques et des servo-moteurs. Pour aller à droite on feignait toujours de croire que le barreur avait entre les mains une barre franche et on lui ordonnait de la pousser vers la gauche. Moyennant quoi il obéissait scrupuleusement en tournant sa roue vers la droite. Ce système admirablement britannique durerait encore si les étrangers avaient eu le bon esprit de s’y conformer. Mais leur obstination à faire le contraire était la cause de tant d’accidents en pilotage de port que les Anglais ont fini par céder et par faire comme tout le monde. Même avec le système le plus simple, nul n’est à l’abri cependant de confondre sa droite avec sa gauche. Un jour, sur un dragueur océanique qui chenalait dans le canal de Bizerte, le barreur se trompe de la sorte. Après la confusion et le tumulte, le commandant tout ému s’écrie : « Ouf, j’ai eu chaud ! » Cinq minutes après, l’émotion étant un peu retombée, il se tourne vers l’officier de quart, et lui dit d’un ton paternel : « Nous avons eu chaud ! » Une heure plus tard, le calme tout à fait revenu, il lui dit enfin d’un ton sévère : « Vous avez eu chaud ! »
A bientôt pour la suite de nos aventures
Donec
Sur la peau de bouc (motifs de punition dans la Marine Nationale) : « Exciter la risée des sous officiers du poste de Phu-hin-bing ».
Les mots du Général :
Derrière son bureau de bois blanc de la rue de Solférino, le Général dresse un réquisitoire contre la Quatrième république. Nous sommes en 1958.
– Et après … ils abandonneront la Corse, et la Bretagne ! et l’Auvergne… (un temps.) non ils garderont l’Auvergne… Personne n’en veut !
Le Gnaf
Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.
CHABAUD Beau minet
CHALAND DE CEVINS Bugalet de pinard. Il avait la réputation (bien méritée) de boire comme un trou
CHALINE Chalingrad
CHARLES ATHANASE DE PECHEROUX DE COMMINGE DE GUITAUD Dit : ces messieurs ou apportez trois chaises
CHAUMEIL Le Tché ou la Mouche parce que la mouche tché-tché donne le chaumeil
CHERRIERE Que dit ce gros Cherrière ?
CLISSON Le connétable
CLOAREC « P’tit zef » ou « cloclo » ou « p’tit Louis »
COATANEA La bombe à neutrons car elle détruit le personnel mais pas le matériel
COGNEY Le « Sheriff »
COLIN DE VERDIERE Coquin du derrière
COLLET Le « Régicide » car il avait tué le roi des cons pour prendre sa place
CONDROYER Dit : « monsieur de Roye »r ou « Chose Royer » ou « Nounours ».
CONGE « Con je suis, con je reste »
CORDA 1801 ou Sursum (concordat)
CORNILLEAU Poila aux pattes
COYNE Attila (le roi des « Hums »)
CROS La Soutchedanne (a été sous les ordres du CV Chaumeil)
CROUZAT La crevette ou la gonzesse paranoïaque
CUNY (le jeune) Dit « la formation » parce que Cuny y forme
Se rendre sur le tombeau des ancêtres est toujours une belle aventure, en 700 kilomètres d’autoroute je franchis 40 années et je me retrouve vers 1980 dans l’atmosphère et le décor de ces temps anciens où Mitterrand faisait peur aux enfants et où Le Pen, le bandeau sur l’œil, nous contait quelques fariboles savoureuses et parachutistes.
A l’arrivée au vieux pays, on aère la ferme sur laquelle sont gravés un nom et une date : Bussière 1732. Rien n’a changé depuis 1960 ni dans le contenu des tiroirs ni dans celui des placards. Les livres se sont en revanche entassés aux côtés des tableaux du fils Queneau. Ma petite-fille dort dans un lit-hamac tout en creux menacé par une armoire pleine de costumes d’un autre siècle et d’une pile d’objets hétéroclites et inutiles. Elle est ravie…
Que vais-je lire cette semaine, le choix est grand, les maquis de la montagne limousine et leur héros le colonel GUINGOIN, les mémoires de Marcelle DELPASTRE chantre de la langue d’oc, les œuvres incertaines d’une palanquée d’écrivains modernes et naturellement, comme il se doit, les interdits de Céline ?
L’ayant rencontré au générique de nombreux films et pas des moindres, j’opte pour une autobiographie, celle de José GIOVANNI.
Je découvre un personnage de roman, condamné à mort puis gracié qui va montrer un remarquable talent d’écrivain avec une imagination sans bornes. Ses romans vont être adaptés au cinéma par des réalisateurs de premier ordre comme Jacques Becker (le trou), Claude Sautet (Classe tous risques) ou Robert Enrico (Les grandes gueules). Ecrivain, il est salué par ses pairs : Roger Nimier, Pierre Mac-Orlan ou Jean Cocteau. Il est l’ami de Lino Ventura, de Jean Paul Belmondo, d’Alain Delon et de Jacques Rufus. Son fond de commerce c’est la pègre. Les mauvais garçons le fascinent. Il est par ailleurs un sportif accompli, à commencer par l’alpinisme où il excelle en étant l’ami de René Desmaison. Plus tard c’est en pédalant qu’il imaginera ses scénaris.
Arrêtons-nous sur les « Grande Gueules » le western des forêts vosgiennes. Pendant la gestation de cette œuvre que tout le monde connait, il pédale un peu dans la choucroute sur le plan du casting, il verrait bien Lino Ventura dans la peau du patron de la scierie mais… Pour mieux réfléchir, il décide de se faire la face nord de l’aiguille du Dru avec un alpiniste chevronné, Jacques le Menestrier.
L’ascension commence à 4 heures du matin et à midi ils s’engagent en rampant dans une minuscule ouverture qui les conduira sur la face sud. A 600 mètres au dessus du vide, ils cassent la croûte. Il a alors une vision, pour la marche de sa scierie artisanale menacée (un haut fer), il n’a pas besoin d’un Lino Ventura tout en force et en puissance mais d’un homme simple proche du terroir, un peu timide et il pense à Bourvil : bingo.
« Merci chère face nord duDru ! » pense t-il. Et il s’en va embrasser la vierge métallique installée au sommet.
Sa filmographie que je découvre est impressionnante, outre « le trou », « Les aventuriers », « Classe tous risques », « Un nommé la Rocca », « le deuxième souffle » et bien d’autres sans oublier son magnifique réquisitoire contre la peine de mort « deux hommes dans la ville » et toute cette œuvre écrite avec son éternel Bic sur du papier pelure.
Un homme d’honneur à redécouvrir.
Et pour conclure ses mots « ça mène à tout un crayon à bille et du papier pelure, et la symphonie du 38 spécial des privés américains. »
A bientôt pour de nouvelles aventures…
Donec
Sur la peau de Bouc : (motifs de punitions dans la Marine) : « faire par vengeance du Thé aux officiers avec de l’eau de savon et rire ».
Les mots du Général : « Une réunion au R.P.F. le Général parle et condamne le « système ».
– Il faut tuer la gueuse ! crie un « militant ».
– Apprenez Monsieur, qu’en France la République ne se renverse pas. Chassez-la et elle revient au galop.
Le Gnaf
Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.
Ce jeu de mots avait un nom « le gnaf » (en 1928), en voilà quelques uns :
BRASSEUR KERMADEC J.B.K. ou Brasseur quel sale mec ou ma sœur quelle braguette
BREART de BOISANGER La roi Jean puis Pépé
BROWN DE COLSTOUN Drôle de costume
Médecin Général BUFFET Henri II
Bullier John (John Bull)
BURIN des ROZIERS Bédane des bégonias ou des églantines ou brise nouille
l’Ukraine à deux pas de nos frontières montre le visage effrayant de la destruction organisée avec détermination. Quel est le comportement des troupes en campagne dans ces grandes plaines à blé ? Là, tout est permis et l’on peut compter sur la soldatesque russe pour s’en donner à cœur joie. D’autant que l’on ignore à peu près tout de l’efficacité de leur organisation et de leur encadrement.
Cet épisode que nous vivons m’a fait souvenir des exactions nombreuses et impunies commises par l’armée allemande. A n’en pas douter l’Ukraine vit les mêmes événements.
Nous sommes le 29 août 1944 dans la Meuse sur les bords de la Saulx dans les villages de Robert-Espagne, Couvonge, Beurey, Mogneville. Les armées allemandes se débandent mais ont encore une solide capacité de nuisance.
Ce jour-là vers 9 heures plusieurs camions surchargés d’allemands pénètrent dans la propriété de monsieur Scherer maître des forges à Pont-sur-Saulx. Ils sont aux ordres d’un lieutenant, fouillent les maisons, cherchent des maquisards et s’emparent de tout ce qui leur convient. Ils se font confectionner un plantureux repas. Puis le lieutenant fait rassembler la famille dans le salon et déclare qu’il a ordre de fusiller les hommes. Toute la journée, ces soldats en vert sillonnent la localité, pillent et volent tout ce qui peut l’être.
Vers midi la chasse à l’homme commence, garde-barrière, employés de la SNCF, gendarmes et même un garçon de 17 ans. Les « boches » pénètrent dans les maisons où les hommes ont commencé leur repas au prétexte qu’il y aurait un travail près de la gare. La nouvelle des arrestations se répand dans le village et un certain nombre, avertis, parviennent à s’enfuir. D’ailleurs tous les Allemands n’ont pas la même attitude puisque certains incitent les habitants à disparaître sinon leur sort serait réglé.
Vers 13h30 nouvelle arrivée d’Allemands qui pénètrent dans une ferme, saccagent tout et mettent le feu. Sous la menace des mitraillettes, tous les hommes sont maintenant réunis. Les femmes aux fenêtres assistent impuissantes à la scène. Brusquement les mitrailleuses sont mises en batterie, crépitent et 49 français sont abattus. Dans la foulée les Boches incendient les maisons puis se dirigent vers le château de Pont-sur-Saulx où avaient été apportés le produit des rapines pour faire bombance.
Ce village ne sera pas le seul à souffrir de la vindicte allemande, les autres localités de la vallée vont aussi subir la barbarie teutonne, maisons incendiées et hommes passés par les armes.
Puis ils disparaissent…
Le 31 août les Américains investissent une vallée où la population affolée se terrait dans les caves.
Cette tradition du crime de guerre est aujourd’hui perpétrée par l’armée russe dont la tactique s’apparente à la terre brûlée avec un faible pour les maternités, les écoles et les hôpitaux. Mais contrairement aux Français de 1940 le peuple ukrainien ne s’en laisse pas compter et avec l’aide des Européens se bat rue par rue, maison par maison. Les Russes doivent être fous de rage et gare à celui (ou celle) qui tombe entre leurs mains. La destruction de Marioupol toujours habitée doit être atroce et n’a rien à envier à Brest, Coventry ou Dresde.
Mais rassurons-nous leurs exactions terminées les Russes comme les Allemands jadis rentreront au pays avec de glorieux souvenirs pour leur vieux jours.
A bientôt pour de nouvelles aventures
Donec
Sur la peau de bouc : motif de punitions dans la vieille Marine : « Coup et blessures envers la personne d’un marchand Chinois ».
Les mots du Général
Les théoriciens du RPF sont désolés de ne pouvoir arriver à intéresser le Général à la rédaction du « programme » du mouvement. Ils ont beau faire miroiter réforme des institutions, capital-travail, etc., le Général reste de marbre.
– Voyons , Messieurs ! il n’est pas possible de se faire élire sur un programme et de l’appliquer !
– Mais…
– Mais le choix est pourtant simple ! Ou l’homme politique trompe ses électeurs ou il trompe l’intérêt du pays…
A méditer en ces temps électoraux
Le Gnaf
Il existait chez les officiers de marine un « éreintement » qui consistait à attribuer à la victime un surnom généralement obtenu par déformation de son nom propre et qui, très rapidement, finissait par remplacer celui-ci… Au moins pour les utilisations non officielles.
Ce jeu de mots avait un nom « le gnaf » (en 1928), en voilà quelques uns
BLANC Toto ou Blanc le propre (hiérarchie oblige : le Blanc de la promotion suivante était appelé Blanc le sale. Les méchants ajoutent que c’est justifié.
BODENES Giron du blair
BOIDOT Ainsi nommé par dérision
DE BOISSIEU La voix de son maître
BONNAFOND Minicade ou Malarien
BONNEMAISON Home sweet home ou Bobonne
BORDIER Absalon
BOTREAU ROUSSEL Biribi ou Trois
BONNETERRE Couchette
BOUCHACOURT De baisers
BOURDONCLE DE SAINT SALVY Le furoncle du sale zob ou le furoncle : il était particulièrement désagréable
BRAC DE LA PERRIERE Une paire hier, une paire demain (A eu dans la même année deux paires de jumeaux)
BRANDICOURT Peut peu
BRASSEUR KERMADEC J.B.K. ou Brasseur quel sale mec ou ma sœur quelle braguette
Je viens de recevoir ce petit texte plein de nostalgie que je vous restitue immédiatement, certains d’entre vous le connaissent peut-être déjà, une seconde lecture sera la bienvenue…
Je laisse la parole à Cloclo.
-oOo-
Souvenez-vous les Anciens ! Il fallait être aussi doté d’une santé de fer et de nerfs en acier trempé !
Souvenez-vous de ces appareillages le dimanche en fin d’après-midi, à l’heure du berger, quand certains se préparaient à prendre l’apéro, nous, on préparait notre bateau et on partait pour être à poste et fin prêts le lundi matin à disposition de l’Escadre ou de l’Aéro !
Souvenez-vous de ces quarts à la passerelle en pleine tempête, transis de froid et trempés jusqu’aux os malgré la serviette éponge qui servait de presse-étoupe autour du cou. De ces heures interminables à subir stoïquement les assauts des paquets de mer ! Que c’est lourd un paquet de mer !
Souvenez-vous de ces vendredis soirs quand les Pingouins ou l’Escadre nous souhaitaient un bon week-end et rentraient d’un coup d’aile à leur base pour les uns ou à 25 nœuds au port pour les autres! Nous, pauvres diables, on passait le week-end sur le rail à mener des attaques aux postes de combat sur de paisibles cargos et on répétait sans relâche les exercices de sécurité, histoire de passer le temps et d’empêcher l’équipage de tomber dans la routine !
Souvenez-vous de la file d’attente des fumeurs au Central, dans le courant d’air glacé qui descendait de la passerelle, nous étions tous impatients de grimper pour tirer une clope, serrés comme des sardines. Le Maître de Central quelquefois obligé de faire la police !
Souvenez-vous des embarquements ou débarquements de torpilles à peine arrivés à quai! Les gars non concernés rentraient voir Maman, mais les baisés? Eh bien, ils rentraient plus tard, une fois le boulot terminé! Heureusement, le tiers de service nous donnait un coup de main pour démonter le poste AV ! Quelle solidarité!
Souvenez-vous des séances de cinéma au poste AV le dimanche après-midi: on revoyait pour la Xème fois le même film ! Je crois bien avoir vu Le « Voleur de Bicyclette » de Vittorio de Sica une bonne vingtaine de fois! C’est sans doute à cause de lui que je suis devenu allergique au vélo!
Souvenez-vous de ces retours à quai imprévus : nous avions à peine le temps de faire un bisou aux enfants! Un câlin vite fait bien fait avec Maman avant de repartir en catastrophe avec une petite valise de linge propre !
Souvenez-vous de cette atmosphère humide si spéciale à nos bateaux, Ce mélange d’effluves de gas-oil, d’huile chaude et de sueur. Cette odeur qui nous imprégnait malgré les douches méticuleuses prises au retour à quai! Cette odeur que nous ramenions à la maison où Maman nous accueillait avec un ‘’ Tu pues le sous-marin’’ avant d’avoir droit à un bisou!
Souvenez-vous les mécanos ! Des heures de quart passées dans le vacarme des diesels et dans une chaleur suffocante! Vous en avez perdus des litres de sueur !!
Souvenez-vous de la banette chaude cette banette toute moite dans laquelle on se glissait à 4 heures du matin, l’oreiller encore humide de la sueur du copain qui vous avait relevé!
Souvenez-vous de ces demi-tours dans la Rade des Vignettes, alors que l’on voyait presque Castigneau! Il fallait repartir remplacer un autre bateau noir indisponible! Pour combien de temps? On n’en savait rien!! Nos familles? Même pas prévenues! Elles l’apprendraient par le téléphone arabe! On repartait en dissimulant notre frustration…
Souvenez-vous de cette viande en conserve que le bouvier nous servait à table ! Elle n’avait rien d’appétissant, pas plus que les congelés-décongelés-recongelés (suite aux pannes récurrentes du compresseur de la chambre froide) accompagnés par des haricots verts cuits à l’eau de mer!
Souvenez-vous de ces heures de marche au schnorchel la nuit en pleine tempête! Impossible de dormir avec le bateau qui roule bord sur bord! Nos tympans qui jouent de l’accordéon ou qui se coincent à cause de ce putain de clapet qui est plus souvent sous l’eau qu’au-dessus! Et nos sinus qui lorsqu’ils sont malades nous donnent l’impression que notre tête va exploser!
Souvenez-vous de la tension nerveuse qui régnait au Central dans ces moments là! Le Patron de Central sur des charbons ardents pendant des heures! Se posant mille et une questions! Suis-je trop lourd? Suis-je trop léger? Lourd de l’avant? Lourd de l’arrière? Etc…Etc… Les purges qui dégueulent à pleins tuyaux … Le bouillonnement dans l’;aquarium de la coupole … Les pompes d’assèchement en continu sur la caisse des purges etc…etc… Le Maitre de Central toujours prêt à réagir au 1/4 de seconde à la moindre éventualité, et Dieu sait s’il y en a des éventualités! N’est-ce pas Daniel???
Souvenez-vous lorsque le barreur perdait l’immersion, on entendait à travers la coque épaisse le sinistre grondement de ces monstrueuses vagues!
Souvenez-vous de ces coups de gite impressionnants qui nous donnaient la désagréable sensation que le bateau n’allait pas se redresser quand il restait couché deux ou trois secondes ! Secondes qui nous semblaient durer une éternité ! Quelles montées d’adrénaline !
Souvenez-vous que nous n’attendions qu’une seule chose dans ces situations: le hurlement du klaxon d’alerte qui allait enfin arrêter tout ce cirque et nous permettre de descendre nous reposer dans le silence des profondeurs ! Dormir!! Dormir ivres de fatigue!! Dormir en grand couplage pendant une heure ou deux pour récupérer un peu !! Dormir? Facile à dire!! Sauf quand le célèbre et tonitruant ronflement de P’tit Fût s’invitait dans le silence du poste AR! Il s’en suivait une avalanche de godasses dans la bannette du malotru ! Inimaginable le nombre de godasses qu’il a pu se ramasser sur la gueule! Le nombre exact doit être astronomique! Il faisait plus de bruit qu’un Concorde au décollage! Et le boucan des GE lancés à pleine charge n’était que du pipi de chat. Sacré P’tit Fût s’il n’avait pas existé, il aurait fallut l’inventer!
Souvenez-vous de ces transits au schnorchel sous menace aérienne!! Le clapet au ras des flots sur électrode haute, la dépression frôlant les 200 mbars, les incessantes alertes racket, les coupures de charge en catastrophe! Redisposer la cavalerie à chaque fois, relancer les GE!! Recommencer encore et encore! De jour comme de nuit!
Souvenez-vous de ces dangereuses reprises de vue sur le rail! Les barlus passaient quelquefois à nous friser les moustaches!! Certains ont même eu l’outrecuidance de se permettre de nous caresser les aériens ou la cathédrale! Quel manque de respect ! N’est-ce pas Cloclo???
Souvenez-vous des alertes sur avarie de barre de plongée arrières! La pointe négative impressionnante, les moteurs lancés en arrière 5 et quelquefois la chasse haute pression au ballast 5 pour redresser la bête!! De jour comme de nuit!
Souvenez-vous de ces 300 mètres, moteurs avant 5, assiette -3O°, on n’espérait qu’une seule chose: que la barre de plongée arrière ne tombe pas en avarie, sinon … C’était le grand saut!
Souvenez-vous de ces moments terribles que nous avons vécus après les tragiques disparitions de nos copains! Ces sentiments de rage, d’;impuissance et d’injustice. Impuissance, car nous savions très bien en partant à leur recherche que tout était fini et que nous ne pourrions rien faire! Strictement rien! Effroyable sentiment d’injustice, car nos copains, nos frères ne méritaient pas ça, NON ! Ils ne méritaient pas une mort aussi atroce!
Souvenez-vous qu’après ces recherches infructueuses, nous partions faire des galipettes et des pirouettes dans tous les sens: il ne fallait pas laisser l’équipage cogiter trop longtemps! Il fallait garder la confiance dans le bateau et dans les hommes!
Souvenez-vous de tout ce que j’ai oublié …
Ce n’était pas le bagne ni l’enfer, encore moins le paradis… C’était tout simplement notre vie sur les « Classiques ».
Quelle vie de fous! Mais quelle vie de cons! Mais qu’est-ce-que nous l’avons aimée cette putain de vie!
Quelque-chose me dit qu’au fond de nous-même, nous sommes un peu fiers de l’avoir vécue.
Mais! Aurions-nous pu vivre cette vie si particulière sans le consentement, le concours et l’abnégation de nos épouses ou compagnes ? Elles qui ont toujours tout assuré pendant ces longues absences qui nous ont empêché de voir nos enfants grandir. Elles qui ont mouillé tant d’oreillers de leurs larmes pendant ces longues périodes de solitude, d’attente et d’incertitude. Les épouses et compagnes des sous-mariniers sont tout simplement des femmes exceptionnelles.
Certaines ont malheureusement vécu un horrible drame lors de la disparition de leurs maris ou compagnons qui étaient aussi nos frères, notre peine était bien peu de chose comparée à leur incommensurable chagrin.
Elles ont fait preuve d’un courage et d’une dignité exemplaires. Elles étaient magnifiques dans leur immense douleur. Chapeau bas Mesdames, nous vous devons beaucoup !
A tous nos copains et nos frères qui ne pourront lire ces quelques lignes…
A bientôt pour la suite de nos aventures.
DONEC
Sur la « peau de bouc » (motifs de punitions dans la Marine) : avoir fait des avances par gestes déplacés à une femme par la fenêtre de son bureau.