Pétain se fait rhabiller pour l’hiver

Bonjour la compagnie,

Parmi les hommes injustement oubliés, il y a Georges Mandel. Secrétaire et principal collaborateur de Clemenceau pendant la grande guerre, il était en 1940 ministre des colonies avec comme collaborateur un grand connaisseur de l’Extrême-Orient Le commandant Raoul Salan.

En 1940, il est partisan de la poursuite de la guerre et non d’un armistice ignominieux. Il s’adressera au général de Gaulle en ces termes le 14 juin 1940 : « Vous avez de grands devoirs à accomplir, général, mais avec l’avantage d’être au milieu de nous tous un homme intact… Ne pensez qu’a ce qui doit être fait pour la France, et songez que, le cas échéant, votre fonction actuelle pourra vous faciliter les choses ».

Quelques semaines plus tard notre général entrait dans l’Histoire.

Mandel était juif et l’extrême droite le haïssait comme elle savait le faire à cette époque. Il le lui rendait bien. Il avait emprisonné Alain Laubreaux trop engagé à son goût dans l’amitié franco-nazie et dont le principal titre de gloire sera d’avoir été rossé par Jean Marais. Scène que Truffaut évoque dans le « Dernier Métro ». Jusqu’au bout il allait lutter contre « l’esprit de débâcle ».
Le 17 juin 1940 alors qu’il soupe au « Chapon Fin » Georges Mandel est arrêté par deux officiers supérieurs de gendarmerie qui lui présentent un ordre signé du Maréchal Pétain manœuvré au demeurant par Raphaël Alibert*.

Inutile de vous dire qu’un tel événement fait du bruit dans Landerneau. Le Président de la République Albert Lebrun comme le Président de la Chambre des Députés Edouard Herriot s’en émeuvent et le Maréchal est contraint de le libérer. Au cours de l’entretien qui suivra entre le Maréchal et Mandel ce dernier le plaindra d’être à la merci de son entourage et il plaindra également la France de l’avoir choisi. Puis il exige une lettre d’excuses de Pétain que ce dernier rédige. Nous avons là un parfait exemple de la fragilité du vieil homme.
Par la suite, toujours poursuivi par la vindicte du chef de l’Etat français, il sera condamné à la prison à vie et enfermé au fort du Pourtalet, lieu absolument sinistre. Enfin ultime illustration du savoir-faire de « l’Etat Français », le 4 juillet 1944 il est livré à la milice qui l’abat trois jours plus tard de seize balles au cours d’une promenade en forêt.
Un autre homme demandait régulièrement l’exécution de Georges Mandel dans son hebdomadaire « Je suis Partout » c’est Robert Brasillach. Ce fut dit-on une des raisons pour laquelle il ne fut pas gracié par le général de Gaulle.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Donec

Raphaël ALIBERT : homme politique d’extrême droite, juriste, catholique et germanophobe il est un conseiller rapproché du Maréchal Pétain. Garde des Sceaux du gouvernement de Vichy, il a été l’initiateur du « statut des Juifs » de triste mémoire