Bonjour la Compagnie,
SIMCA fut une marque française pleine de fantaisie, créée par Henry-Theodore Pigozzi en 1934 pour construire des Fiat sur notre sol.
Dans les années 50, l’environnement automobile français est assez triste. Les austères Peugeot, les pétaradantes et fragiles Panhard, les incertaines Renault sans oublier les fantasques Citroën, font de Simca une marque un peu à part. Elle nous proposait la joie de vivre à l’italienne. Qui ne se souvient de la Simca Sport, de l’Ariane, de l’Aronde, du coupé 1200 S et de la P60 Montlhéry.
En 1963 les choses se gâtent pour Pigozzi quand le nouvel actionnaire, la marque Chrysler le licencie sans ménagement. Le chagrin fera disparaître notre ami quelques mois plus tard. Ayant la barre bien en mains les américains avec une incompétence qui force l’admiration vont s’employer à faire « couler » la boîte. Pourtant lorsque l’état major américain débarquait à Poissy, ils faisaient sentir aux Français qu’ils n’étaient qu’une filiale dispendieuse. Ils fouinaient partout, prompts à la critique.
Pourtant l’état-major de Simca va de l’avant et prépare discrètement de nouveaux modèles. Il a installé en douce un atelier de pré-production. C’est un outil révolutionnaire qui permet de lancer des avant-séries pour régler les difficultés de fabrication. Seuls les Japonais possèdent une telle installation. Vous imaginez bien que tout a été financé avec des queues de budget dans le plus grand secret.
Les Américains de Chrysler viennent régulièrement inspecter leur usine avec un regard soupçonneux concernant ces Français roublards et à l’esprit tordu. Pourtant nos compatriotes ne ménagent pas la qualité de leur accueil, ils mettent les petits plats dans les grands. Le whiskey et le champagne coulent à flot. Ce jour-là les patrons doivent reprendre l’avion dans l’après-midi, les bagages sont entassés dans le bureau du directeur. Ils s’apprêtent à honorer la gastronomie française. Pourtant le matin ils étaient passés devant l’atelier de « pré-production » sans trop comprendre l’utilité du bâtiment. Ce mystère pousse le responsable de la délégation à prendre force photos qui illustreront son enquête.
Dans le brouhaha du départ et des libations apéritives le directeur français chuchote quelques mots à sa secrétaire. Quand tout ce beau monde est parti au restaurant celle-ci interpelle une collègue et avec mille précautions se dirigent, armées d’un coupe-papier vers le bureau où les bagages sont stockés. Elles se saisissent de l’attaché-case qu’on leur a indiqué et le forcent sans autre forme de procès. Elles n’ont plus qu’à prendre l’appareil photo, l’ouvrir, voiler la pellicule et tout refermer. Le tour est joué et l’atelier de pré-production sauvé pour un temps.
Elles s’en iront ensuite avertir discrètement leur directeur de la réussite de leur mission et de la disparition des preuves concernant l’atelier clandestin.
A bientôt pour de nouvelles aventures
Donec
Cette semaine « dessins sauveteurs »