Au bon temps du Maréchal

‌‌Bonjour la compagnie,

Je viens de refermer un petit livre admirable et bouleversant. Sur la couverture le visage ouvert et lumineux d’une jeune fille de vingt ans. Son titre : « Hélène Berr journal » préface de Patrick Modiano.

Le ton est donné dès les premières pages, nous sommes dans une famille juive, bourgeoise et cultivée, le père est ancien combattant de 14-18. Il assume de hautes responsabilités chez Kuhlmann.

Dés l’automne 1940, ils vivent sous la menace d’un Etat et de sa politique antisémite. Il a mis en œuvre une politique tatillonne, mesquine et bête mais par-dessus tout d’une incroyable méchanceté. Sur cette famille comme sur des milliers d’autres plane la perspective d’être envoyée à Drancy puis aux confins de la Pologne.

Dans ce milieu tous savaient que la déportation serait une expérience terrible. Pour s’en convaincre il suffisait d’assister aux rafles haineuses et sans ménagement de la police française. Il est toujours étonnant, aujourd’hui encore, d’entendre l’argument : « on ne savait pas ! ». Les juifs eux subodoraient la nature du traitement qui leur serait infligé.

Hélène, étudiante en anglais, jeune fille attachante et lumineuse ne baisse pas les bras. Elle poursuit de brillantes études. Elle nous fait partager son goût des lectures, de la musique, de l’amitié.

Elle mène également une intense activité sociale et vient en aide aux laissés-pour-compte de ce peuple maudit et ostracisé. Elle s’occupe particulièrement des enfants. Car le bon vieillard à la voix chevrotante installé à Vichy compte sur son exécuteur des basses œuvres, Pierre LAVAL pour prendre en main l’avenir des petits enfants juifs devenus orphelins. Le témoignage d’Hélène est poignant.

Ils voulaient tous repartir avec moi. Dans son enthousiasme Dédé Khan m’a dit – je vois encore sa figure suppliante, ses yeux noirs, si noir avec ses cheveux dorés, tout près a étinceler de rire : « j’voudrais que tu dormes près de moi ! » C’était l’expression suprême de son amour !

Naturellement quelques jours après ces gosses embarqueront dans des convois pour suivre leur terrible destin. On imagine ce que peu ressentir dans cet enfer un petit de cinq ans.
Chaque jour, les rangs de ses amis, de ses parents s’éclaircissent un peu plus.

Jamais Hélène ne perd courage, elle nous fait partager sa soif de vie avec la conscience claire de sa prochaine disparition.

Déportée à son tour, elle mourra à Bergen-Belsen en avril 1945

A très bientôt pour la suite de nos aventures

Donec

Ps : Nous savons tous que l’antre du « bidel » autrement dit « la bidelerie » est celle du capitaine d’armes, haut-lieu de la discipline à bord des bâtiments de la flotte. Comme chacun sait le « cipal fusco » est le maître principal fusilier commandos personnage auquel il ne convient pas de chatouiller les moustaches. C’est lui qui assume les fonctions de capitaine d’armes sur les unités importantes.

Par ailleurs la palette de couleurs qui concerne le marin de l’Etat se compose de deux teintes le vert soubassement et le gris coque.

Sur la peau de bouc (motif de punitions à bord)
« Avoir perdu par négligence un pèse-sel appartenant à l’Etat »