Nous connaissons tous Suzy Solidor qui habitait le haut de Cagnes sur Mer et qui avait vendu pendant la guerre du beurre aux Allemands. Particulièrement aux souris grises qui retenaient toute son attention. La situation de Renée Lebas était assez différente. Roumaine et juive elle eut la bonne idée sur les conseils avisés de Francis Carco de s’exiler en Suisse pendant les années de plomb.
Cette artiste grandit dans le quartier de la Bastille. Comme dans la chanson de Charles Trenet « papa pique et maman coud », ses parents étaient couturiers. N’ayant ni la gouaille, ni l’accent de la Mouffe* en vogue en ces années d’avant-guerre, le fou chantant l’avait baptisée « la chanteuse irréaliste ». C’est elle qui créa sur scène sa chanson « la mer ».
Elle fut une des premières à évoquer la Shoah dans une chanson : « la fontaine endormie ». Sa discographie fut impressionnante Elle se frotta aussi bien à la java qu’aux textes de Boris Vian ou de Léo Ferre et même à ceux combien difficiles de son ami Francis Carco. Pourtant en dépit de son grand professionnalisme, de sa voix magnifique elle souffrit de la comparaison avec ses rivales Edith Piaf et Juliette Gréco.
En 1963, à la mort d’Edith, elle mettra brutalement fin à sa carrière de chanteuse et ne remontera plus sur scène devenant productrice et découvreuse de talents, d’animation pour enfants. Le manège enchanté, Pollux c’est elle.
Elle disparaitra en 2009 dans l’indifférence générale. Alors si vous aimez la belle et bonne chanson écoutez donc Renée Lebas…
A la semaine prochaine
Donec
La Mouffe : mais c’est la rue Mouffetard bien sur !