Commémorons Narvik

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Salut la compagnie,

Notre pays a une faiblesse bien compréhensible pour les commémorations de toutes sortes. En cette fin de printemps c’est la compagne de Norvège et la bataille de Narvik qui est mise à l’honneur.

Dans son livre « Les taxis de la Marne ». Jean DUTOUR avec le talent acidulé qui le caractérise nous en fait une intéressante relation. Il nous rappelle que si nos soldats sont des lions souvent nos stratèges sont des ânes.

Parole à l’auteur du « Bon beurre » dans son VIIème chapitre intitulé LE CONCOURS LEPINE.

– « Le gouvernement pensait aussi au miracle. Il cherchait le miracle comme un mathématicien travaille sur une équation. Finalement, il trouva l’inconnue. Elle s’appelait Narvik. Mais c’était un miracle pour gens médiocres et un faux miracle. Narvik cela allait bien dans le sens des niaiseries rassurantes de la propagande du pauvre Giraudoux ; cela signifiait la route du fer coupée, les Allemands affamés et réduits à merci, la guerre gagnée avec une poignée d’hommes. Bref c’était le système « D » appliqué à l’Histoire. Autre temps, autres miracles ; les Taxis de la Marne étaient grands, Ils symbolisaient un exploit semblable à celui de Léonidas ; Narvik, c’était le Concours Lépine. A la puissance et à la science, on opposait l’adresse légendaire du bricoleur.
Il n’est pas étonnant qu’une pareille idée ait enflammé les ministres de cette époque. C’est le type même de l’idée séduisante pour intelligences brillantes : elle présente le double avantage d’être paradoxale et mesquine, autrement dit elle surprend et ne fait pas peur. On se donnait à bon compte l’illusion d’être joueur et d’être audacieux. Avec cent francs on faisait sauter la banque. Quelle gloire en perspective ! Il est étrange que l’on n’ait pas changé le texte des affiches et que les Français sur les murs : « Nous vaincrons parce que nous sommes les malins. » En France une telle formule aurait pris. Hélas la banque n’a pas sauté et nous avons perdu nos cents francs.
J’ai vu en Bretagne en juin 1940 une demi-douzaine de rescapés de Narvik qui avaient échoué là Dieu sait comment. Ils portaient de bien belles canadiennes doublées de mouton qui faisaient envie à tout le monde. Sombres, renfermés, ils nous considéraient avec dédain. Ils avaient pris une ville pour l’abandonner le lendemain. Fait rare dans les annales des guerres, ils avaient été contraints de fuir leur victoire. […]
De toutes les actions militaires de 1940, Narvik est peut-être celle dont le souvenir soit le plus douloureux. Quoi de plus amer qu’une victoire perdue ? Le conseil municipal parisien eu -t-il un peu d’honneur ou de fermeté il rebaptiserait sa place de Narvik : carrefour des succès inutiles. On pourrait inscrire sur la plaque comme on faisait jadis, comme on fait encore en province : « Cette place a été ainsi nommée en souvenir de la prise de Narvik qui ne servit a rien à cause de la sottise et de la lâcheté du G.Q.G. français de 1940. » Humilions les enfin ces généraux ganaches, réincarnations des badernes dorées sur tranche d’Autriche et de Prusse que les colonels analphabètes de Napoléon mettaient dans leur poche. »

A la semaine prochaine

Donec

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